L'année 2020 sera sous le signe du sport. L'Euro 2020 de football tout d'abord, du 12 juin au 12 juillet, puis le Tour de France du 27 juin au 19 juillet et enfin les Jeux Olympiques de Tokyo au Japon, du 24 juillet au 9 août. Des moments de compétitions intenses s'annoncent, et pour les chaînes de télévision des belles audiences à la clé. Mais cela va leur coûter cher. Entre l'Euro de football qui se déroule partout sur le continent, de Bakou à Edimbourg, les JO au Japon et le dispositif colossal du Tour de France, les chaînes vont devoir prévoir un gros budget.
Le challenge de l'Euro
"Pour TF1 et M6, c'est un gros challenge", décrypte Damien Canivez journaliste à Télé Magazine, invité de Culture Médias sur Europe 1. En effet, les deux chaînes vont se partager en exclusivité et en clair les meilleures affiches de la compétition. Qui risque d'ailleurs d'être serrée pour l'équipe de France, tombée dans "le groupe de la mort" face à l'Allemagne et au Portugal. "Douze matches de poule, l'ouverture de la compétition, les matches de l'équipe de France, cinq huitièmes de finale, trois quarts de finale, les demies-finales puis la finale en apothéose", énumère le journaliste. La diffusion de la finale sera tirée au sort entre les deux chaînes. La dernière fois, c’est M6 qui avait emporté la diffusion, avec à la clé une audience de 17 millions d’euros.
De très grosses audience sont donc à venir pour les deux chaînes. "TF1 a aussi compris que le sport féminin pouvait fédérer, alors que les chaînes étaient un peu frileuses au début", ajoute Damien Canivez. "Les trois meilleures audiences de l'année, c’est du football féminin." La chaîne compte bien poursuivre sur sa lancée, avec notamment la diffusion prochaine du handball féminin.
France Télévision profite des JO et du Tour de France
Quant aux chaînes de France Télévision, elles diffuseront les Jeux Olympiques de Tokyo, avec une particularité : une diffusion le matin, pour cause de décalage horaire. "On l'a vu avec la coupe du monde de rugby, diffusée entre octobre et novembre : ce ne sont pas des horaires extraordinaires", analyse Enguérand Renault, rédacteur en chef média et technologie au journal Le Figaro. "C'est quand même de belles audiences, mais il faut être motivé. Les passionnés sont là, il y en a toujours beaucoup mais il n'y aura peut être pas l’intégralité de tous les spectateurs", ajoute-t-il.
La diffusion de cette compétition sportive donne un coup de pouce aux audiences, à une période de l'année où l'on ne regarde pas trop la télévision. "France Télévision profite tous les quatre ans des Jeux Olympiques et tous les ans du Tour de France", conclut le journaliste. Ainsi, le groupement public de chaînes de télévisions se classe, en général, loin devant toutes les autres chaînes en été.
La Ligue 1 encore dans le flou
Une autre question sport et média se pose pour l'année prochaine. Quid de la Ligue 1 ? La société sino-espagnole Mediapro a acquis les droits du championnat français pour 780 millions d'euros et lance donc une chaîne à 25 euros par mois. Mais pour l'instant les informations ne sont pas nombreuses sur ce futur canal de diffusion.
"Il y a moins de quinze jours, le patron de Mediapro, Jaume Roures, est venu en France pour rassurer le monde du football", raconte Enguérand Renault. "Il a rencontré les clubs, la ligue puis a fait une conférence de presse : ils seront prêts, ils savent faire de la télévision, produire". En revanche, il faut encore trouver des journalistes stars. "Beaucoup peuvent être tentés de quitter RMC Sports", souligne le journaliste.
Une plus grande immersion dans les clubs
Mediapro a acquis les droits de quasiment tous les matches de la Ligue 1, ainsi que 266 matches de l'Europa League, la petite Ligue des Champions. Mais pour le prix, 25 euros la chaîne, le contenu peut sembler un peu faible. "Cela va être un peu compliqué, ce n'est pas ça qui va passionner les foules", souligne Enguérand Renault. "Il va falloir trouver des programmes dans la semaine". Pour cela, la chaîne pourrait miser sur ce qu'elle fait déjà en Espagne : une immersion dans les clubs. "Faire des joueurs des stars, voire même 'feuilletonner' autour des joueurs, des entraînements, des conflits au sein du club. Cela n'a encore jamais été fait".
La chaîne vise un seuil de rentabilité d'environ 3 millions d'abonnés. "BeIN sport est en France depuis 2012 et n'a jamais gagné d'argent, au contraire elle a même perdu 350 millions d'euros par an", rappelle le journaliste. "Quand on diffuse que du sport, surtout quand le montant des droits s'élève à 780 millions d'euros par saison, rentabiliser me paraît compliqué, voire impossible." Alors pourquoi investir ? Pour le soft power, selon les deux experts médias. Une coupe du monde de football se profile en Chine, à l'horizon 2030. L'investisseur chinois de Mediapro parie ainsi sur l'avenir, comme le Qatar avait investi sur BeIN à fonds perdus en France.