Une couverture rouge avec écrit en gros et en majuscules : "Danger !". Une photo de Jean-Luc Mélenchon en dessous et une liste des risques encourus s’il venait à gagner les législatives. Ce qui gêne la rédaction, c’est que cette Une fait directement référence à celle réalisée durant l’élection présidentielle par Challenges. Mais à l’époque, elle alertait sur les conséquences d’une victoire de Marine Le Pen.
La rédaction s'était opposée à la couverture
Plus qu’une référence, c’est même une copie sur la forme. Seule la couleur change (la Une était noire). On retrouve le même "Danger !" qui figure en haut... Une photo de la candidate était au même endroit sur la page. Et une liste de risques aussi, qui ressemble beaucoup à celle de cette semaine. Sur celle de Le Pen : "Déficit + 100 milliards". Celle de Mélenchon : "Déficit + 203 milliards". Le Pen : "Europe Disloquée." Mélenchon : "Europe déstabilisée". Et ainsi de suite.
C'est ce qui fait bondir la société des journalistes du magazine. Elle dénonce un "passage en force" de la direction. Car la rédaction s’était, selon elle, opposée à cette couverture. Chez Challenges ce sont les directeurs de la publication, directeur de la rédaction et l'actionnaire principal et directeur du journal qui ont le dernier mot sur la Une.
Ce qui dérange la société des journalistes, c’est de mettre sur le même plan Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen. Car le programme de la candidate du RN "rompt avec la Déclaration des droits de l’Homme". Celui de Jean-Luc Mélenchon "s’inscrit dans le cadre républicain et inclut le Parti socialiste et Europe Écologie-Les Verts".
Un média "partisan reprenant les arguments de la majorité présidentielle"
Elle regrette que Challenges passe donc pour "média partisan en reprenant les arguments de la majorité présidentielle, et décrédibilise le travail d’une rédaction indépendante". La SDJ précise par ailleurs que ce n’est pas le "fond des articles du dossier qui est en cause, mais bien la seule couverture".
Le directeur de la publication Vincent Beaufils a justifié ce choix de mettre sur le même plan Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen. Il écrit, dans un édito à l’intérieur du journal, "sur le plan de la prospérité de la France, qui est notre sujet ici, les projets de la Nupes sont largement aussi dévastateurs que ceux du RN".