Le photojournaliste français Mathias Depardon, détenu depuis un mois en Turquie, doit recevoir pour la première fois une visite de sa mère jeudi, a indiqué celle-ci à Gaziantep, dans le sud-est du pays. Danièle Van de Lanotte est arrivée mercredi soir dans cette ville située près de la frontière avec la Syrie et devait se rendre jeudi en fin de matinée au centre de rétention où son fils est détenu et où il a fêté mardi son 37e anniversaire. "J'ai le cœur serré. Je vais le serrer très fort contre moi", a confié cette élégante retraitée de 66 ans, les yeux brillants. "Le voir, c'est super, mais l'abandonner après, ça va être beaucoup plus dur", a-t-elle dit.
Des biscuits et des terrines. "J'ai ramené des biscuits, des petites terrines (...) On espère que ça ne devra être utilisé que quelques jours", a ajouté Danièle Van de Lanotte, accompagnée à Gaziantep du consul-adjoint français à Ankara Christophe Hemmings et du secrétaire général de l'ONG Reporters sans frontières (RSF) Christophe Deloire. "Ce que nous demandons très clairement aux autorités turques, c'est la libération immédiate de Mathias Depardon qui n'a rien à faire en détention", a dit Christophe Deloire. "Ça fait maintenant un mois, un mois de trop".
La mère de Mathias, accompagnée de notre secrétaire général @cdeloire est à Gaziantep en #Turquie pour rendre visite à son fils#FreeMathiaspic.twitter.com/mfKSpo0t1d
— RSF (@RSF_inter) 8 juin 2017
Campagne de mobilisation. Le comité de soutien au photojournaliste, #FreeMathias, a lancé une pétition en ligne pour exiger sa libération, et les syndicats français de journalistes ont adressé jeudi une lettre ouverte à l'ambassadeur de Turquie en France, pour lui demander de respecter par ailleurs la Charte européenne en matière de liberté d'expression et de garantir aux journalistes étrangers de pouvoir exercer librement leur métier sur le sol turc. Les ONG de défense de la liberté de la presse affirment que les conditions de travail des journalistes en Turquie se sont sensiblement dégradées ces dernières années, notamment depuis le putsch manqué de juillet. La Turquie occupe la 155e place sur 180 au classement 2017 de la liberté de la presse établi par RSF.
Installé en Turquie depuis cinq ans, Mathias Depardon, journaliste indépendant, a été arrêté le 8 mai à Hasankeyf, où il réalisait un reportage pour le magazine National Geographic. Lui reprochant de travailler sans carte de presse, laquelle est en cours de renouvellement, les autorités ont transféré le journaliste dans un centre d'accueil de migrants à Gaziantep, où il est retenu depuis, malgré une décision d'expulsion émise le 11 mai. Les autorités turques soupçonnent par ailleurs le photographe d'avoir fait de la "propagande terroriste" pour avoir publié sur les réseaux sociaux des images prises il y a plusieurs années lors d'un reportage avec des militants kurdes.