Libres, premier syndicat du groupe Canal, s'est dit "indigné et choqué" du licenciement du commentateur sportif Stéphane Guy "tant sur le fond que sur la forme", dans un communiqué publié ce lundi. Cette réaction survient après la décision de Canal+ de licencier le 24 décembre le commentateur vedette pour avoir apporté son soutien à l'humoriste Sébastien Thoen, lui-même renvoyé début décembre pour une parodie visant CNews, la chaîne info du groupe, détenue par Vivendi, groupe du milliardaire Vincent Bolloré.
Alors que Canal+ "a construit son image et sa réputation, entre autres sur l'impertinence, la caricature et l'auto-dérision, cet événement démontre le mépris de notre direction et de notre actionnaire pour ces valeurs", s'insurge le syndicat.
L'auto-dérision, "valeur" de Canal+
A l'origine des licenciements, un sketch diffusé sur le site de paris Winamax joué par Sébastien Thoen (alors chroniqueur sportif), aux côtés de ses anciens camarades d'"Action discrète", Julien Cazarre et Thomas Séraphine.
La parodie raillait le présentateur de CNews Pascal Praud, rebaptisé "Pascal Prono", en mêlant considérations footballistiques et sujets prisés de la chaîne, comme l'immigration et le djihadisme. Sébastien Thoen avait été renvoyé dans la foulée, suscitant un tollé en interne. En cause, selon le directeur des antennes et des programmes de Canal+, Gérald-Brice Viret, le fait qu'il s'affiche avec une personne qui "dénigre constamment" les équipes de la chaîne -soit l'humoriste Julien Cazarre- légitimant ainsi ses propos.
Des condamnations pénales
Stéphane Guy avait peu après rendu hommage à son "ami" Sébastien Thoen, estimant qu'il n'avait pas "la sortie qu'il aurait méritée" avant un match qu'il commentait. "Comment peut-on revendiquer à l'envi la liberté d'expression et la pluralité de la parole lorsqu'il s'agit de légitimer certains animateurs dont les propos ont pourtant valu des condamnations pénales et infliger une telle sanction à un journaliste historique du service des sports pour avoir soutenu un confrère ?", interroge le syndicat.
Ce questionnement vise le polémiste Eric Zemmour, pilier de CNews, condamné pour incitation à la haine raciale fin septembre et actuellement poursuivi pour contestation de crime contre l'humanité après avoir soutenu à l'antenne que le Maréchal Pétain avait "sauvé" les Juifs français. Pointant "les problèmes de gouvernance" du groupe Canal+, le syndicat dit craindre "d'autres départs tout aussi destructeurs de valeur et nuisant gravement à l'image de la chaîne". "Il est grand temps que notre direction protège notre groupe et ses collaborateurs et décide d'agir pour le bien commun et non des intérêts idéologiques ou politique de son actionnaire", exhorte-t-il.