Patrick et Isabelle Balkany ont régné pendant près de quatre décennies sur Levallois. Indissociables, ils se sont rencontrés en 1983 et, malgré quelques trahisons, n’ont jamais disjoint leur parcours, marqué par un règne sans partage dans les Hauts-de-Seine, puis par une descente aux enfers, avec plusieurs condamnations notamment pour fraude fiscale. C’est cette histoire que Félix Seger raconte dans La Chute des maisons Balkany, un documentaire de la série C’était écrit, diffusé mardi soir sur France 5 à 20h50. "Il y avait une matière cinématographique et dramaturgique qui était assez exceptionnelle", témoigne le journaliste mardi sur Europe 1.
"Les langues se sont un peu déliées"
C’est qu’en plus de 35 ans, le couple, qui a bénéficié de proximité avec Charles Pasqua et Nicolas Sarkozy notamment, a beaucoup fait parler de lui. Alors la matière à traiter était "immense", selon Félix Seger. "Il y a beaucoup d'archives. Ils ont beaucoup parlé et on a beaucoup parlé d'eux", poursuit le réalisateur.
Il y a quelques années, la plus grande difficulté du journaliste n’aurait pas été de choisir parmi toutes ces archives, mais bien de se confronter au silence de ses potentiels interlocuteurs. Cette omerta, désormais, n’existe plus. "Les langues se sont un peu déliées", confirme Félix Seger. "C'est pour ça que j'ai eu envie de faire ce film aujourd'hui. Comme les affaires étaient jugées, on n'avait pas besoin de reprouver par A+B toutes ces choses un peu complexes. On pouvait analyser un peu plus en détail."
Quand Patrick Balkany arrache la caméra d'un journaliste
Le documentaire revient aussi sur une anecdote qui illustre les relations de plus en plus tendues avec les médias, au fur et à mesure que l’étau judiciaire se resserrait. En 2014, Patrick Balkany s’énerve contre un journaliste de BFMTV et lui arrache sa caméra. "Il veut l'éteindre, il veut se débarrasser des rushs et il part, mais la caméra tourne toujours. Il l'amène dans une remise, on voit des cartons où il y a écrit Nicolas Sarkozy dessus. Il y a Isabelle qui le suit, qui dit ‘Patrick, arrête, pourquoi tu fais ça ?'", détaille Félix Seger. "Et finalement, il n'a jamais réussi à éteindre la caméra. Et BFMTV a diffusé un reportage où on voyait tout ça. C'était vraiment effarant."
Beaucoup d’archives donc, beaucoup d’interlocuteurs, mais pas les principaux intéressés. "J'ai eu Isabelle Balkany au téléphone qui, au début, était assez hostile. Finalement, on a discuté un peu, mais non, ils n'ont pas voulu participer au documentaire", confirme le journaliste. "Il n'y avait pas tellement d'arguments, si ce n'est qu'ils avaient assez parlé et qu'ils n'avaient pas envie de s'exprimer dans un documentaire de cette longueur-là. Isabelle Balkany m'a même dit ‘c'est 90 minutes, c'est même plus un documentaire, c'est un film. Qu'est ce que vous allez raconter?’” Réponse mardi soir sur France 5.