L’Eurovision, une simple affaire de chansons ? Vous n’y êtes pas du tout. Le télé-crochet, qui fêtera ce samedi sa soixantième édition devant 200 millions de personnes, s’est souvent illustré pour ses controverses. Elles ont permis de mettre sur le devant de la scène de nombreuses causes progressistes, quitte à choquer certains conservateurs. Une femme à barbe, un baiser lesbien ou un groupe de musiciens trisomiques… Europe 1 revient sur toutes ces petits gestes qui ont fait de l’Eurovision un concours avant-gardiste.
• La cause homosexuelle : Ce sont des baisers mais des baisers qui ont fait couler beaucoup d’encre. Pourquoi ? Parce qu’ils étaient échangés entre personne de même sexe. En 2000, deux hommes du groupe PingPong, représentants d’Israël, s’embrassent sur la bouche pendant leur prestation. Mais le message est davantage politique car ils finissent par brandir des drapeaux syriens à la fin de la chanson. Le groupe, composé en réalité de journalistes, avait en fait infiltré la manifestation musicale en espérant promouvoir la paix entre les deux pays.
La cause homosexuelle va trouver son véritable étendard quelques années plus tard. En 2013, c’est un baiser lesbien qui fait cette fois-ci scandale. La candidate finlandaise, Krista Siegfrids, termine sa prestation en embrassant sur la bouche l’une de ses danseuses. Si le règlement du concours précise bien que "les paroles, discours ou gestes de nature politique ou similaire ne sont pas autorisés", Krista Siegfrids se justifie : "on est en 2013. Pour moi, ce geste n’a rien de déplacé. Je peux embrasser qui je veux". Le thème du concours était d’ailleurs cette année-là, l’égalité.
Krista Siegfrids - Marry Me (Finland) - LIVE...par EUROVISIONHELLASTV
• Les travestis et transsexuels en bonne place : Alors, bien sûr, tout le monde se souvient l’année dernière de Conchita Wurst. De son vrai nom Thomas Neuwirth, la candidate autrichienne est une drag-queen qui porte une barbe en signe distinctif. Sa participation a soulevé un grand nombre de protestations, notamment en Russie, en Biélorussie et en Ukraine. De nombreux appels furent émis à ne pas diffuser sa prestation. Malgré tout, Conchita Wurst remporte le concours et permet à l’Autriche d’organiser cette année l’Eurovision. "Nous sommes l’unité, et rien ne peut nous arrêter", a-t-elle lancé au public en recevant son prix.
Eurovision 2014 : Autriche - Conchita Wurst...par france3
Mais avant Conchita, d’autres ont fait scandale dans le concours de l’Eurovision. En 2002, par exemple, les représentants slovènes, qui n’étaient pas de vrais travestis, sont apparus déguisés en hôtesses de l’air. Un mise en scène qui n’a pas du tout plu à l’opinion publique slovène qui participa à plusieurs manifestations contre le groupe. Il faut aussi mentionner Dana International, la première candidate transsexuelle à avoir remporté l’Eurovision. La chanteuse, qui représente Israël, est vivement critiquée par les milieux orthodoxes juifs. Il lui est reproché d'abîmer l’image de son pays, ce à quoi elle répond : “ma victoire prouve que Dieu est de mon côté”.
• La maladie représentée : cette année, le groupe qui fait le buzz s’appelle PKN. Ce groupe de musique punk finlandais est composé de quatre hommes tous atteints de trisomie 21. Ils se sont rencontrés à Helsinki dans un centre de soins pour adultes en situation de déficience intellectuelle. Passionnés par le punk, ils ont monté un groupe et ont déjà sorti cinq Eps et un album. Même si leur handicap estune formidable vitrine pour les personnes atteintes de trisomie 21, le groupe ne veut pas être non faire de leur maladie un argument pour le concourt. Ils ont expliqué au Guardian vouloir être vus comme "des gars normaux avec un handicap mental". Les quatre amis ont cependant été éliminés en demi-finale mercredi.
Autre candidate atteinte d’un handicap mais cette fois-ci physique : Monika Kuszynska, la représentante polonaise de cette année. La jeune femme est en fauteuil roulant depuis un accident de voiture survenu en 2006. "Je considère ma prestation comme un témoignage, pour dire qu’on ne peut pas se laisser abattre et vivre pleinement même quand la vie nous soumet à une dure épreuve. Depuis mon accident, chanter est devenue ma maison", a-t-elle déclaré.
• Un message de paix : En 2009, un duo avait suscité la polémique : deux israéliennes qui représentaient toutes les deux leur pays. Leur tort : l’une était juive, l’autre arabe. Achinoam Nini, plus connue en France sous le pseudonyme de Noa, expliquait à propos de son duo avec Mira Awad, issue de la minorité arabe israélienne : "certaines personnes vont voir une fille arabe, qui a l’air juive, et une fille juive, qui a l’air arabe. C’est ce que nous sommes. Peut-être que cela ouvrira les esprits de certains". Mais l’initiative, en plein regain de tensions entre les deux communautés, n’avait malheureusement pas été entendue dans leur pays.