C'est une histoire digne d’un thriller que dévoile le magazine L'Obs dans son numéro publié jeudi. L'hebdomadaire révèle l'incroyable double vie d'un journaliste du Canard enchaîné pendant la guerre froide. Journaliste le jour, espion pour les services secrets de la Tchécoslovaquie la nuit. Il s'appelle Jean Clémentin et il écrivait dans le journal satirique sous le pseudonyme "Jean Manan". Mais il avait aussi un nom de code : "Pipa". Les faits remontent aux années 1960.
À l’origine de cette enquête, le journaliste Vincent Jauvert qui a travaillé sur 1.500 pages d'archives des services secrets tchécoslovaques. Vincent Jauvert affirme qu'entre 1957 et 1969, alors que la Tchécoslovaquie était politiquement alignée sur l'URSS, Jean Clémentin (alias "Pipa") a livré pas moins de 300 notes à la STB (les services secrets tchécoslovaques).
Un journaliste-espion toujours en vie
Cet espion payé par le camp soviétique a également participé activement à trois opérations de désinformation en publiant dans Le canard enchaîné des articles conçus par ces services secrets. L'enquête révèle aussi que Jean Clémentin a même été envoyé à Londres et à Bonn pour récolter des renseignements. À l'époque, ce journaliste était une plume iconique de l'hebdomadaire satirique.
Jean Clémentin, 98 ans, est toujours en vie. Il n'a pas souhaité répondre aux questions de L'Obs. Aujourd'hui, les faits sont prescrits depuis longtemps et l'ancien espion est donc protégé de toute poursuite. De son côté, Le canard enchaîné a réagi auprès de l'AFP. "Nous ne sommes évidemment pas au courant, nous sommes sidérés", a expliqué le directeur actuel de la rédaction Nicolas Brimo.