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Alors que la BBC a lancé une initiative, en partenariat avec les Gafa, pour lutter contre la désinformation en ligne, Grégoire Lemarchand, responsable du fact-checking à l’AFP, et Thomas Huchon, de Spicee, expliquent l’importance d’associer les géants du net en la matière.
INTERVIEW

Le combat contre les fake news est, pour les grands médias, un combat de tous les instants. Récemment, c’est la BBC qui a lancé une initiative pour tenter d’endiguer la vague de désinformation qui déferle régulièrement sur internet. Le média britannique s’est associés avec d’autres titres de presse, dont l’AFP ou Reuters, mais aussi avec Facebook, Twitter, Google ou Facebook. Une association avec les géants d’internet indispensable, selon Thomas Huchon, du site Spicee, spécialisé dans le fact-checking, invité de Philippe Vandel mardi sur Europe 1.

"On ne peut plus essayer de travailler sur internet sans discuter au minimum avec ces gigantesques entreprises", estime le journaliste. "Ça ne veut pas dire qu’il faut les laisser faire ce qu’elles veulent. Il y a un rapport de force à installer avec les géants du net. Il ne faut pas qu’ils s’exonèrent complètement de nos lois, de nos principes citoyens. C’est une manière de les contraindre, de discuter avec eux", juge encore le journaliste.  

"Lors de n’importe quel événement mondial, la population vit des réalités absolument différentes"

Et les progrès sont réels. Grégoire Lemarchand, rédacteur en chef adjoint en charge des réseaux sociaux et du fact-checking à l’AFP, peut en témoigner. "Ils ont la volonté d’essayer de faire en sorte que leur plateforme soit un peu plus saine", assure le journaliste sur Europe 1. "On travaille depuis bientôt deux ans avec Facebook, qui reprend nos contenus de vérification et qui les met sur la plateforme", détaille Grégoire Lemarchand. "Concrètement, si vous partagez une photo décontextualisée, avec une légende qui n’a rien à voir, si nous, l’AFP, on dit que ce contenu est faux, vous allez avoir un avertissement qui vous invitant à lire le fact-checking de l’AFP vous expliquant pourquoi c’est faux. Donc il y a déjà un effort de fait."

Et ces efforts sont indispensables. "Ce qu’on découvre, c’est que lors de n’importe quel évènement mondial, la population vit des réalités absolument différentes, les algorithmes des réseaux sociaux faisant remonter des contenus qu’ils jugeaient pertinents pour l’utilisateur. Donc dans le combat contre les fake news, contre la désinformation, les journalistes professionnels sont désavantagés", remarque Thomas Huchon. "Les journaux sont tous en concurrence. Mais il y a des questions sur lesquelles la concurrence ne doit plus jouer. C’est le tronc commun, ce qui va nous permettre de débattre des faits, de l’information", conclut le journaliste de Spicee.