Netflix n'en finit pas de secouer le monde de l'audiovisuel. La plateforme de vidéo à la demande sur abonnements vient de sortir Roma, le dernier film d'Alfonso Cuaron primé à la Mostra de Venise qui ne sortira quasiment nulle part au cinéma. Ce bouleversement, qui pourrait se reproduire, doit-il faire craindre pour l'avenir des salles obscures, voire pour la télévision ? Capucine Cousin, journaliste qui vient de publier Netflix et Cie, les coulisses d'une (r)évolution (éditions Armand Colin) est venue analyser ce phénomène qui n'en finit pas de grandir mercredi matin sur Europe 1.
Avec Netflix, les réalisateurs ont "une grande marge de manoeuvre"
Depuis son arrivée dans le paysage médiatique, Netflix secoue toute les branches, du cinéma à la télévision. La plateforme créée par Reed Hastings n'a pas seulement remis en cause la chronologie des médias. "Netflix a beaucoup d'argent, alors qu'Hollywood est en difficulté financière. On a une certaine prudence du côté d'Hollywood, qui produit plutôt des remake ou des gros films à très gros budgets, des blockbusters de super-héros, à tel point que les réalisateurs ont parfois du mal à trouver des financements pour boucler leur budget pour des très gros projets de films, et à leur condition", décrypte la journaliste.
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Ce qui est déjà un bouleversement pour le monde du cinéma en est un aussi pour les spectateurs. "Ça veut dire que je peux voir un grand film de cinéma réalisé par un grand réalisateur, et à ses conditions", poursuit Capucine Cousin, qui explique qu'avec Netflix, les réalisateurs "ont une marge de manoeuvre totale ou quasi totale sur leur casting ou le final cut". Un partenariat gagnant-gagnant, donc : "Comme Netflix a intérêt à recruter de grands réalisateurs, il leur laisse une grand marge de manoeuvre".
La puissance de la plateforme est telle que tout le monde doit s'adapter. "Netflix, pour 2018, annonçait un budget d'au moins huit milliards de dollars en création et acquisition de contenus originaux. Évidemment, les chaînes ne pourront jamais s'aligner, mais au moins elles pourront quand même se battre en produisant leur propre contenu avec leur touche originale".
Et ce n'est pas fini. "Il y a d'autres géants qui vont arriver l'année prochaine, comme Disney, qui va débouler avec sa propre plateforme de vidéos à la demande", rappelle la journaliste spécialisée. "Je pense que la bataille va se jouer sur la qualité des catalogues et des productions originales".
Pour autant, Capucine Cousin ne redoute pas la disparition du cinéma et de la télévision, une antienne qui date. "On a eu ce même débat dans les années 1980 lors des débuts de la cassette vidéo, puis lors du lancement de Canal + en 1984. Je pense que c'est une forme complémentaire de consommation de la télévision", conclut-elle.