"Le Seuil a perdu la confiance nécessaire dans un contrat d'édition", a déclaré, mardi matin, l'invitée de Thomas Sotto sur Europe 1, Bénédicte Amblard, l'avocate de la maison d'édition qui devait produire l'ouvrage d'Eric Laurent et de Catherine Graciet. Les deux journalistes, dont le livre devait sortir en janvier 2016, sont soupçonnés d'avoir tenté de monnayer l'abandon de ce projet contenant des informations supposées gênantes sur le roi du Maroc, Mohammed VI, contre trois millions d'euros.
"Le Seuil n'a pas à prendre partie dans cette affaire", a ajouté Bénédicte Amblard, précisant qu'elle ne les considérait "absolument pas" comme des coupables et respectait leur présomption d'innocence. "Mais il n'est plus possible de maintenir le projet d'édition", a-t-elle insisté.
Ils vont rembourser leur à-valoir. "Un éditeur a vocation à publier des livres, mais n'a pas vocation à être l'instrument des auteurs pour aller monnayer leur silence ailleurs", a-t-elle déclaré fermement. Si "la confiance est définitivement brisée", Le Seuil "n'accablera" pas ses auteurs pour autant a-t-elle indiqué, et ne lancera pas de poursuites judiciaires. En revanche, les auteurs vont devoir rembourser l'à-valoir qu'ils avaient touché en prévision de la publication, un à-valoir au montant "très inférieur aux trois millions d'euros" au cœur de l'affaire, a glissé l'avocate.
L'éditeur n'a pas eu connaissance du livre. "Le Seuil attendait le manuscrit pour le mois d'octobre. [...] Personne n'a eu le manuscrit. Ils avaient fait un long travail d'enquête, mais ils n'avaient pas commencé le travail d'écriture", a précisé Bénédicte Amblard. L'idée de ce manuscrit était de faire une suite du Roi prédateur, ouvrage coécrit par les deux journalistes, Eric Laurent et Catherine Graciet, il y a deux ans et publié au Seuil. "Un manuscrit courageux qui procédait d'une enquête fouillée", a-t-elle souligné.
Eric Laurent veut publier l'ouvrage. Le Seuil avait annoncé lundi qu'il renonçait à publier le livre sur le Maroc des journalistes Eric Laurent et Catherine Graciet, arguant que "la relation de confiance" entre l'éditeur et les auteurs était "de facto dissoute". "Dans ces conditions, la publication envisagée ne saurait avoir lieu", indiquait la maison d'édition dans un communiqué. "Mais bien sûr, je vais le publier", avait assuré, quant à lui, le journaliste invité sur Europe 1 dans la matinée de lundi.