Russie : accès restreint aux médias BBC, Deutsche Welle, Meduza et Svoboda

L'accès aux sites des éditions russophones de la BBC a été restreint par les autorités russes. © Artur Widak / NurPhoto / NurPhoto via AFP
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avec AFP

Vendredi, les autorités russes ont restreint l'accès aux sites de quatre médias indépendants, dont l'édition locale de la BBC, renforçant encore leur contrôle sur l'information une semaine après le début de l'invasion de l'Ukraine. Ces décisions auraient été prises à la demande du parquet le 24 février, jour du du déclenchement de l'opération militaire.

Les autorités russes ont restreint vendredi l'accès aux sites de quatre médias indépendants, dont l'édition locale de la BBC, renforçant encore leur contrôle sur l'information une semaine après le début de l'invasion de l'Ukraine . Selon le régulateur russe des médias (Roskomnadzor), l'accès aux sites des éditions russophones de la BBC et de la radio-télévision internationale allemande Deutsche Welle (DW), du site indépendant Meduza et de Radio Svoboda, antenne russe de RFE/RL, a été "limité".

Des décisions prises le jour du début de l'invasion militaire

Roskomnadzor indique que ces décisions ont été prises à la demande du parquet le 24 février, soit le jour du déclenchement de l'invasion de l'Ukraine par Vladimir Poutine. Vendredi matin, les pages d'accueil de la BBC et de Deutsche Welle s'ouvraient par intermittence, mais certains articles consacrés à la guerre en Ukraine étaient inaccessibles, ont constaté des journalistes de l'AFP à Moscou. Les pages d'accueil de Meduza et de Svoboda étaient complètement inaccessibles.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, GlobalCheck, service de veille contre la censure sur internet, avait déjà constaté des problèmes pour accéder à ces sites, ainsi qu'au réseau social Facebook, qui tourne au ralenti depuis plusieurs jours en Russie. Deutsche Welle, RFE-RL et le service russophone de la BBC sont financés respectivement par Berlin, Washington et Londres. En Russie, leurs journalistes publient régulièrement des enquêtes critiques du Kremlin.

Le site de la BBC a vu son audience tripler

Le mois dernier, Deutsche Welle avait été interdit en Russie et ses reporters contraints d'arrêter de travailler. Mais son site continuait de fonctionner. La BBC a indiqué dans un communiqué "poursuivre ses efforts pour que BBC News soit disponible en Russie": "Avoir accès à des informations précises et indépendantes est un droit humain fondamental qui ne doit pas être refusé au peuple russe, dont des millions de personnes comptent sur BBC News chaque semaine".

Le site d'information de la BBC en russe a vu son audience plus que tripler, à 10,7 millions en moyenne hebdomadaire depuis le début de l'invasion, par rapport à la même période l'an dernier. Le nombre de visiteurs en Russie sur le site en anglais bbc.com a lui bondi de 252% à 423.000 la semaine dernière.

Le pouvoir russe va durcir son arsenal répressif

La Russie est régulièrement décrite par les ONG comme l'un des pays les plus restrictifs au monde en matière de liberté de la presse, mais la situation s'est aggravée depuis le début de l'invasion de l'Ukraine par Moscou. Les autorités russes ont notamment interdit aux médias d'utiliser des informations autres que les déclarations officielles sur ce sujet, et banni l'utilisation de mots comme "guerre" et "invasion".

Jeudi, après le blocage de leurs sites par les autorités, l'emblématique station de radio Ekho Moskvy (Echo de Moscou) a annoncé son auto-dissolution et la chaîne de télévision indépendante Dojd a dit suspendre son activité jusqu'à nouvel ordre. Loin de s'arrêter là, le pouvoir prépare un durcissement de son arsenal répressif : un projet de loi, qui prévoit jusqu'à 15 ans de prison pour toute publication de "fake news" concernant l'armée russe, sera examiné vendredi à la Douma, chambre basse du Parlement russe.