Numéro 23 n'aura plus le droit d'être diffusée à partir du 30 juin 2016. Dans une décision historique rendue mardi soir, le CSA a décidé de retirer son autorisation de diffusion à cette chaîne de la TNT gratuite. Les raisons ? Un pacte d'actionnaires louche, une vente controversée à NextRadioTV (BFMTV, RMC) et des engagements non tenus concernant les programmes, répond Olivier Schrameck, président du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), invité jeudi d'Europe 1 midi.
"Des fins spéculatives". "C'est une décision juridique qui revêt un caractère moral. Avec un bien public, on ne doit pas jouer à des fins spéculatives", explique le patron du CSA. Pour comprendre cette décision, il faut revenir à juillet 2012. Numéro 23 obtient alors, gratuitement comme c'est d'usage, l'autorisation du CSA d'être diffusée sur la TNT. Pour cela, Diversité TV, propriétaire de la chaîne, s'engage sur un programme axé sur la "diversité des origines et des modes de vie" et sur des investissements portant jusqu'à 2019.
Or, un peu plus d'un an plus tard, Numéro 23 fait entrer à son capital le groupe russe de télévision UTH à hauteur de 15%. Dans le pacte d'actionnaires qui est signé, que le CSA a mis plusieurs mois à obtenir malgré de multiples relances, il est prévu la "cession rapide" de Numéro 23. Et encore un peu plus d'un an plus tard, Diversité TV, le propriétaire de la chaîne, annonce la vente de Numéro 23 à NextRadioTV. "Il y a eu un appel à candidature très important, sur le thème de la diversité, avec des engagements à long terme. Or, des négociations ont été prises très vite avec une société russe pour une cession rapide. Et cela s'est concrétisé par l"ouverture de négociations sur la vente de la chaîne au groupe Next TV", dénonce Olivier Schrameck.
Le CSA prêt à "réexaminer l'affaire". Le CSA soupçonne Diversité TV d'avoir demandé l'entrée sur la TNT gratuite de France 23 dans le seul but de vendre ensuite la chaîne à un prix plus élevé. D'autant que les programmes de la chaîne, dont l'émission phare est une télé-réalité sur les tatouages, ne respectent pas non plus les engagements. Aujourd'hui, celle-ci vaut 88,3 millions d'euros. Un prix qui ne repose que sur "l'autorisation qui lui a été donnée" en 2012, selon le CSA. "Si les conditions qui ont motivé cette décision disparaissent, nous somme disposer à réexaminer cette affaire. C'est l'esprit de la régulation", assure toutefois le patron du CSA.