Alors que des discussions sont en cours entre l'exécutif et Radio France pour déplafonner les recettes publicitaires annuelles de cette dernière, les radios privées, dont Europe 1, ont exprimé leur désaccord. Elles en appellent désormais à la responsabilité du gouvernement, estimant que ce déplafonnement va "affecter" leur modèle économique.
C'est un nouvel avertissement que lancent, mardi, les radios privées, dont Europe 1, réunies au sein du Bureau de la Radio et du SIRTI, ainsi que Skyrock et Radio Classique. Toutes s'opposent, une fois encore, au projet de suppression du plafond annuel de recettes publicitaires sur les antennes de Radio France. Après un premier communiqué commun publié le 1er février, ces antennes en appellent désormais, dans un second communiqué, à la responsabilité du gouvernement. L'enjeu de leur courroux : le nouveau Contrat d'Objectifs et de Moyens (COM) 2020-2022, actuellement en cours de discussions entre le gouvernement et Radio France. Contrat qui ne mentionne donc plus le plafonnement des recettes publicitaires à 42 millions d'euros par an.
Un coup pour le modèle économique des radios privées
Les signataires du communiqué estiment en effet que "tout impact sur le marché publicitaire affecte de façon considérable le modèle économique des radios privées, déjà fragilisées par la crise sanitaire". Et avancent plusieurs arguments chiffrés. "Radio France capte déjà plus de 8% des recettes nettes du média radio, et cette part a plus que doublé depuis 2016", notent-ils. "Les ressources de Radio France sont supérieures à 630 millions d'euros, soit davantage que le chiffre d'affaires de l'ensemble des 330 radios privées commerciales françaises, soit 550 millions d'euros."
En outre, le plafond déjà existant est souvent dépassé. "La Cour des comptes, dans son rapport 2019, a constaté le non-respect de ce plafond, également souligné par le CSA", écrivent les radios privées. Et ce alors que Radio France, en tant que service public, perçoit donc un financement public "très conséquent".
"Il s'agit de préserver les radios françaises"
Pour les radios privées, supprimer ce plafond est un moyen pour l'État d'absorber des dépenses supplémentaires de Radio France sans mettre la main au porte-monnaie. "Le marché publicitaire ne peut pas être une 'variable d'ajustement'", pestent-elles. Rappelant également que Radio France a été épinglé, toujours pas la Cour des comptes dans son rapport 2019, pour "des problèmes de gestion restés sans réponse".
"Après un avis négatif du Sénat et du CSA, c'est l'Assemblée Nationale, la semaine dernière, lors de l’examen du projet de suppression du plafond publicitaire, qui a émis une mise en garde contre les risques d'une telle mesure pour les radios privées", concluent donc les signataires. "En conséquence, le Bureau de la radio, le SIRTI, Skyrock et Radio Classique en appellent désormais à la responsabilité du gouvernement. Il s'agit de préserver les radios françaises, leurs emplois et leurs apports à la diversité des idées, à la liberté d’expression et de l'information, à la culture ainsi qu'au financement de la création."