C’est un exercice traditionnel auquel Emmanuel Macron n’avait pas encore sacrifié. Mardi, le président de la République se soumettra à la traditionnelle interview du 14-Juillet, avec face à lui deux journalistes, Gilles Bouleau de TF1, et Léa Salamé de France 2. Le premier raconte lundi sur Europe 1 les préparatifs de ce rendez-vous très attendu, mais aussi et surtout ses contraintes. "Avec Léa, on a fait des wagons de questions et on doit faire notre deuil de ça. Car toutes ne seront pas posées", prévient-il.
"Une interview, ça ne se finit pas à la bougie"
"Le seul reproche que je n'accepte pas, c'est quand on me dit : ‘Pourquoi tu n'as pas posé telle ou telle question ?’", développe le présentateur du 20-Heures de TF1. "Je leur réponds qu’une interview, ça ne se finit pas à la bougie. Si vous avez une heure pour faire une interview, c'est pas pareil que deux heures, trois heures ou une thèse d'État. Il n’y aura peut-être pas la question très intelligente à laquelle Léa et moi avions pensé sur tel ou tel problème. Mais ça, on ne peut pas nous en faire le reproche. Ou alors vous faites un livre avec Emmanuel Macron, avec Sarkozy ou François Hollande."
Gilles Bouleau ne cite pas ces présidents ou ex-présidents par hasard. Car il a eu l’occasion de les interviewer tous les trois. Et il n’a pas appréhendé ses entretiens de la même manière. "Chacun induit une difficulté Par exemple, François Hollande, par nature, par tactique, par structure grammaticale, est quelqu'un qui se laisse interrompre. Sarkozy pas vraiment, mais vous pouvez", explique le journaliste. "Grammaticalement et par structure de pensée, Emmanuel Macron, c'est un peu différent, ses phrases sont structurées différemment, donc l’interrompre ne passe pas par la même chose. Ça passe par ça peut passer par du gestuels, par des signes..."
"Il faut être deux pour danser le tango"
Et si Gilles Bouleau n’est pas connu pour ses questions agressives, il se montre tout de même exigeant. "Moi, je veux juste contraindre - c'est le seul élément de contrainte que je mets dans une - la personne qui répond à avoir une pensée claire et des réponses précises, de sortir de l'ambiguïté, de sortir de la politique pour parler concrètement", édicte-t-il. "Quand on sort d'une interview avec ces sentiments-là, je suis satisfait. Mais là, il y a une grande difficulté. Il faut être deux pour danser le tango. Donc, si la personne interviewée n’est pas dans un bon jour, si elle est trop fermée, si elle se laisse trop interrompre ou pas assez, l'interview est ratée. Mais elle est ratée pour tout le monde."
Il faudra donc attendre le jour J pour savoir si l’exercice est réussi. "Qu'est-ce que c'est qu'une interview réussie ?", relativise le journaliste. "Est-ce que c'est une interview où vous avez fait rendre gorge ? Moi, je suis un passeur, je suis là pour poser les questions que vous-mêmes vous vous posez, quelle que soit votre couleur politique, votre âge et votre degré d'éducation, que vous ayez voté Macron, que vous ayez manifesté pour lui ou pas. Je veux juste qu'à la fin de l'interview, on se dise ‘OK, Léa Salamé, Gilles Bouleau ils ont fait du bon taf’".