Le second épisode du documentaire "Petites phrases, grandes conséquences", diffusé lundi soir sur LCP, revient notamment sur certaines formules, prononcées en public ou en privé, qui ont valu à Emmanuel Macron et François Hollande d'être accusés de mépris de classe.
Si elles font souvent le sel des interviews et des débats télé, elles peuvent aussi avoir tendance à parasiter la discussion publique. LCP diffuse lundi soir, à partir de 20h30, la seconde partie de Petites phrases, grandes conséquences, un documentaire sur les petites phrases prononcées par les quatre derniers présidents de la République. Des répliques parfois prononcées à regret, et qui leur collent à la peau comme le sparadrap du capitaine Haddock, malgré leurs efforts pour s'en défaire. L'épisode de lundi est notamment consacré à Emmanuel Macron.
Des paroles symptomatiques d'un mépris de classe ?
Le documentaire se concentre sur les accusations de mépris formulées contre le chef de l'Etat, déjà lorsqu'il était ministre, et dresse un parallèle avec son prédécesseur, qui s'est également vu reprocher un manque d'empathie à l'égard des plus démunis. Avec, parmi d'autres, une phrase prononcée en septembre 2014 sur notre antenne, alors qu'Emmanuel Macron était encore ministre de l'Économie : "Dans les dossiers que j'ai, il y a la société Gad. vous savez, cet abattoir. Il y a dans cette société une majorité de femmes. Il y en a, pour beaucoup, qui sont illettrées."
Autre petite phrase qui dénigre les classes populaires et sur laquelle revient ce documentaire, celle de François Hollande sur les "sans-dents", phrase que rapporte Valérie Trierweiler, dans son livre Merci pour ce moment.
Si François Hollande et Emmanuel Macron sont deux présidents unis par leur histoire commune, leurs styles restent très opposés, selon le réalisateur du documentaire Thomas Raguet. "François Hollande a toujours mesuré ses propos en public, n'a jamais cédé facilement à la petite phrase, alors qu'Emmanuel Macron en a fait sa marque de fabrique", explique-t-il. "Cela nous a paru intéressant d'observer l'évolution de l'un et de l'autre, de mettre en comparaison leur deux styles : le parler-vrai, le parler-cash d'Emmanuel Macron, un peu comme Nicolas Sarkozy. et le style plus en rondeurs, en sourires, de François Hollande qui s'est fait piéger, malheureusement pour lui, par une phrase privée qui n'a jamais été prononcée devant des micros ou des caméras".
"Une parole qui s'est libérée, un ton plus agressif avec des formules blessantes"
Le documentaire permet surtout de donner la parole à ceux qui étaient visés par ces petites phrases et qui en ont souffert : les habitants de la Goutte d’Or à Paris, ceux d'Argenteuil ou encore les ex-salariés des abattoirs Gad. Selon le réalisateur, ces petites phrases occupent désormais une place prégnante dans le débat public. "Il y a une parole qui s'est libérée, un ton plus agressif avec des formules blessantes", relève-t-il. "Les petites phrases se sont multipliées du fait de la multiplication des canaux de communication et des réseaux sociaux où les échanges se font en permanence, et aussi par le durcissement des positionnements politiques des uns et des autres", explique encore Thomas Raguet. La diffusion de ce documentaire sera suivie d’un débat animé par Jean-Pierre Gratien.