Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, Gilles Pélisson, PDG de TF1 et Nicolas de Tavernost, président du directoire du groupe M6, publient ensemble une tribune dans le journal Le Monde. Ces trois patrons appellent les plateformes américaines à respecter un accord qui a été signé en début d’année. Un accord qu’on appelle la chronologie des médias.
Les plateformes américaines favorisées
Ce terme un peu barbare concerne les téléspectateurs, puisque c’est la réglementation qui décide quand ils pourront voir les films après leur sortie dans les salles, quand ils seront diffusés sur les plateformes américaines ou sur Canal + et sur les chaînes de télévision gratuites françaises.
Les règles sont les suivantes : avant qu'un film sorti au cinéma soit mis en ligne sur la plateforme Disney +, il faut attendre 17 mois. Et, il faut attendre 30 mois avant que ce même film ne passe à la télévision gratuite, sur TF1, France Télévisions ou M6. Les plateformes ont obtenu, grâce à ce nouvel accord, de passer avant les chaînes gratuites. Cela favorise donc les plateformes américaines puisqu’elles ont l’exclusivité avant les chaînes de télévision.
Disney+ menace de ne plus sortir ses films au cinéma
Mais, il y a aussi une autre règle pour permettre aux chaînes de télévisions gratuites de garder une forme d’exclusivité lorsqu’elles diffusent le film. Quand un film sorti au cinéma passera sur TF1, Disney + aura alors l’obligation de retirer son film de la plateforme. Et c’est sur ce point précis que Disney + n’est pas d’accord.
La plateforme a donc engagé un bras de fer avec le gouvernement français. Comment ? En menaçant de ne plus sortir les films produits par Disney au cinéma mais directement sur sa plateforme. Un gros manque à gagner pour les salles obscures et donc pour le financement du cinéma français. Et ce n’est pas qu’une menace. Ce sera le cas de son film d’animation Strange world. La France est le seul pays où il sortira uniquement sur la plateforme.
L'accès au cinéma menacé
Les patrons des chaînes TV demandent donc "aux pouvoirs publics de ne pas céder au diktat des plates-formes payantes". Ils veulent que leur exclusivité soit reconnue. C'est-à-dire que la règle soit respectée : quand un film est diffusé à la télé, il doit être retiré des plateformes. Ces trois patrons rappellent que cette exclusivité est la contrepartie de leur financement au cinéma français.
Ils soulignent qu’en 2021, leurs groupes ont investi 144 millions d’euros dans 126 films, "qui n’auraient sinon pas pu voir le jour". C’est plus de deux fois la contribution des plateformes américaines au cinéma français. Alors ils interpellent avec cette tribune et finissent sur cette question : "Souhaite-t-on que l’accès au cinéma en France soit réservé à des services payants ?".