Un journal détonnant pour une journée pas comme les autres. Ce jeudi 29 février, date qui n'apparaît qu'une fois tous les quatre ans dans le calendrier, paraît, en kiosque, La Bougie du Sapeur. "Un vrai faux journal. Une sorte de canular rigolo, sur un ton badin, humoristique", décrit, en quelques mots, son rédacteur en chef Jean d'Indy, qui travaille, en réalité, dans les relations publiques. Ce journal, uniquement publié le 29 février, reprend l'ensemble des faits marquants de l'actualité pour les traiter sur un ton décalé, parfois sarcastique.
Parue pour la première fois en 1980, La Bougie du Sapeur est imprimée à 30.000 exemplaires, "avec les moyens du bord". Mais très vite, le succès est au rendez-vous. "Au bout de deux jours, on les a appelés en leur disant 'Ça y est, tout est vendu, il faut réimprimer'. Ils étaient stupéfaits parce qu'ils ne pensaient pas que ça marcherait", raconte Jean d'Indy. En raison des difficultés logistiques de l'époque, notamment pour redémarrer les rotatives, le journal n'est pas réimprimé, mais l'idée subsiste et le succès grandit. En 2020, ce sont 120.000 exemplaires qui se sont écoulés.
"On se réunit au bistrot"
Composé d'une vingtaine de pages, La Bougie du Sapeur se présente comme un quotidien classique avec des articles rangés par rubrique et même des suppléments. La Bougie du Sapeur sportif, en cette année olympique, mais aussi La Bougie du Sapeur dimanche, lorsque le 29 février tombe sur le dernier jour de la semaine, ou encore La Bougie du zappeur, un supplément télé. "On y glisse aussi quelques fake news, mais elles se voient. On n'a pas besoin de mettre un sigle pour préciser que c'est faux", ajoute Jean D'Indy.
Pour sélectionner les informations qui figurent dans ces parutions quadriennales, un important travail de sélection s'impose. "On écoute la radio, on lit les journaux, on regarde les réseaux sociaux, on prend des notes, on découpe des articles et on met tout ça dans une boîte. Ensuite, on se réunit au bistrot, parce que nous n'avons pas de bureaux ou de salle de rédaction, et on regarde tout ce qui peut être drôle. Parce qu'il y a des choses qui étaient drôles trois ans et demi auparavant et qui ne le sont plus du tout aujourd'hui", pointe Jean D'Indy.
Des fonds reversés à une association caritative
La rédaction, entièrement bénévole, se compose d'une petite dizaine de contributeurs, "une bande de copain", dont certains ont exercé la profession de journalistes par le passé. "Des journalistes sérieux", précise Jean D'Indy en rigolant. "Un des piliers du journal a notamment été rédacteur en chef de BFM Business".
Et quid du nom associé à ce journal pas comme les autres ? "Cela vient du Sapeur camembert qui était un personnage de bande dessinée assez célèbre du siècle dernier. Et il fêtait son anniversaire, et donc soufflait sa bougie, le 29 février", éclaire Jean D'Indy.
Un journal sarcastique, construit autour de l'humour, qui contient tout de même une information sérieuse. "On n'en fait pas une affaire d'argent, sinon, on aurait un peu de mal à s'y retrouver. Mais tout ce qu'il reste, une fois qu'on a mis de côté pour imprimer le numéro suivant, on le donne à une association caritative qui s'occupe de l'autisme", explique Jean D'Indy. Pour se procurer ce journal d'une vingtaine de pages, il faudra débourser 4,90 euros. Une somme supérieure à celle d'un journal classique, mais qui revient à "0,0033 euro par jour", appuie le rédacteur en chef, d'un ton rieur, à l'image du journal qu'il pilote.