Treize femmes accusent Gérard Depardieu, déjà mis en examen pour viol après une plainte de l'actrice Charlotte Arnould, de violences sexuelles. Elles témoignent dans une enquête choc de Mediapart publiée mardi 11 avril 2023. "Outre la plainte de Charlotte Arnould, nous avons recueilli treize témoignages de femmes affirmant avoir subi des gestes ou propos sexuels inappropriés du célèbre acteur, de gravités différentes, sur le tournage de onze films ou séries sortis entre 2004 et 2022 ou dans des lieux extérieurs ; mais aussi les récits de nombreux témoins", explique le média d’investigation.
"Il a mis sa main sous ma robe"
Trois de ces treize femmes ont apporté leur témoignage à la justice. Toutes évoquent des scènes d'agressions sexuelles. "Sans prévenir, Gérard Depardieu a mis sa main sous ma robe, j’ai senti ses doigts essayer de se faufiler pour atteindre ma culotte", témoigne une figurante du film Big House, tourné en 2014. La jeune femme, qui avait 24 ans à l'époque, assure avoir "repoussé sa main". "Mais il a continué, il est devenu agressif, il a essayé d’écarter ma culotte et de me doigter : j’ai compris qu’il ne jouait pas son personnage. Si je ne l’avais pas arrêté, il aurait réussi", poursuit-elle.
"Il y a Gégé qui met sa main dans mon short"
Des témoins racontent aussi des scènes d'agressions sexuelles. "Au moment où le metteur en scène a dit : 'Action', il a attrapé une figurante, qui était en jupe, par les fesses. Elle était très mal", raconte un membre de l’équipe de Turf. Sarah Brooks, comédienne de série Netflix Marseille témoigne également dans cette enquête de Mediapart : "Je dis tout fort : 'Il y a Gégé qui met sa main dans mon short'. Il a répondu : 'Bah quoi, je pensais que tu voulais réussir dans le cinéma ?' Tout le monde a ri, du coup il a continué", explique-t-elle.
"Si vous allez au tribunal, vous ne gagnerez jamais"
Ces treize femmes n'ont pas porté plainte car elles ont le sentiment que "leur parole pèserait peu face au monument du cinéma français". Elles dénoncent l'omerta qui régnait sur les plateaux de tournage. "On m’a répété : 'Vous savez qui il est ? Si vous allez au tribunal, vous ne gagnerez jamais, et vous serez considérée comme une fille qui veut se faire de la publicité'. On m’a demandé de respirer, de sourire, et de faire comme si rien n’était arrivé. Comme ma demande de visa de travail venait d’être approuvée et que je devais payer mes frais d’avocat pour cela, j’avais surtout peur d’être 'blacklistée' si je quittais le plateau", explique par exemple la figurante de Big House, citée plus haut.
"Monsieur Depardieu n’entend pas répondre à ce véritable réquisitoire, qui brasse pêle-mêle des sujets très divers dont certains relèvent d’appréciations très subjectives et/ou de jugements moraux. Il dément formellement l’ensemble des accusations susceptibles de relever de la loi pénale", ont répondu ses avocats à Médiapart.