Quatre mois après les attentats de Paris, Emmanuel Todd, intellectuel de gauche, suscite une vive polémique avec son dernier ouvrage, dans lequel il qualifie "d'imposture" les manifestations géantes du 11 janvier pour défendre le droit à la liberté d'expression, qu'il juge "xénophobes". Dans une tribune publiée dans Le Monde jeudi, Manuel Valls lui a répondu, dénonçant "quatre impostures".
"Cette manifestation fut un cri lancé pour la tolérance et pour la laïcité". "Je veux répondre à son analyse en pointant, pour reprendre sa terminologie, quatre impostures", écrit le Premier ministre. Manuel Valls dénonce comme première imposture le fait de "vouloir faire croire que le 11 janvier était une attaque contre une religion, contre l'islam". "A aucun moment ! Cette manifestation fut un cri lancé, avec dignité, pour la tolérance et pour la laïcité, condition de cette tolérance", s'insurge le Premier ministre.
"La caricature a toujours eu un rôle essentiel". "La deuxième imposture tient à la définition de la liberté d'expression", estime ensuite Manuel Valls. "Dans notre pays, la caricature a toujours eu un rôle essentiel dans la construction de l'opinion publique (...) Elle est le plus souvent, n'en déplaise à Emmanuel Todd, du côté des faibles et des discriminés", dit-il. "La troisième imposture", appuie Manuel Valls, "c'est cette théorisation d'une néo-République, concept pour le moins brumeux. Emmanuel Todd veut voir dans le 11 janvier une confiscation idéologique par certaines catégories sociales supérieures, coupables par essence".
Dans cet ouvrage intitulé "Qui est Charlie?", l'historien anthropologue affirme que la majorité des quatre millions de personnes qui ont défilé à Paris et dans toute la France après les attentats contre Charlie Hebdo et une épicerie casher, manifestaient en réalité pour des raisons "égoïstes" et "xénophobes", contre l'islam.