L'idée ne convainc pas à gauche. Le candidat socialiste François Hollande a affirmé vendredi qu'il n'était "pas favorable" au projet de loi évoqué par Nicolas Sarkozy, visant à commémorer tous les morts pour la France le 11 novembre, date de l'armistice de 1918 marquant la fin de la Première Guerre mondiale. Eva Joly, candidate EELV, a pour sa part lancé une contre-proposition de "journée européenne pour la paix".
En déplacement dans la Marne, près de champs de bataille de la Grande Guerre, François Hollande a estimé qu'il "n'y a pas besoin de légiférer sur ces questions-là". Et le candidat socialiste à la présidentielle de conclure : "on a mieux à faire". Il a toutefois assuré ne pas vouloir "faire de polémique", précisant que "chaque célébration doit rester ce qu'elle signifie par elle-même".
"Le 11 novembre, c'est la Première guerre mondiale", a-t-il rappelé, marquant son opposition à "un seul jour qui finalement reprendrait toutes les célébrations nationales". Mais, a-t-il ajouté, "chaque célébration doit [...] en même temps permettre de pouvoir faire une évocation à tous les morts pour la France et notamment ceux qui sont tombés en Afghanistan sur les champs d'intervention extérieure".
Une "journée européenne pour la paix"
Autre son cloche du côté d'Europe Ecologie-Les Verts. Eva Joly a ainsi proposé de remplacer les commémorations du 11 novembre par une "journée européenne pour la paix". L'ex-magistrate souhaite "que nous arrêtions de penser que c'est l'Allemagne qui a perdu la guerre, que c'est la France qui l'a gagnée, et que nous nous concentrions sur l'essentiel, l'espoir européen", a-t-elle lancé. L'été dernier, elle avait créé la polémique en s'attaquant à une autre commémoration, celle du 14 juillet. La candidate avait alors proposé de remplacer le défilé militaire par un "défilé citoyen", provoquant une levée de boucliers à droite.
Sa nouvelle idée a été présentée vendredi au cours d'une cérémonie à Paris, devant le Mur de Paix, au cours de laquelle les écologistes ont déposé une gerbe en "hommage aux mutins de 1917". Ces soldats, qui avaient refusé d'aller au combat, avaient été fusillés "pour l'exemple" ou renvoyés sur le champ de bataille.
Eva Joly a expliqué ce geste comme un désir de saluer la mémoire de "ceux qui ont été injustement exclus, considérés comme des traîtres à la patrie, alors qu'ils n'en pouvaient plus". En 1998, Lionel Jospin avait demandé que ces soldats, "désignés pour l'exemple, réintègrent pleinement notre mémoire collective nationale". Des propos qui avaient à l'époque été qualifiés "d'inopportuns" par le président Jacques Chirac. En 2008, Nicolas Sarkozy avait de son côté affirmé que ces hommes "ne s'étaient pas déshonorés".