Que s'est-il passé exactement le soir du 13 novembre 2015, lors des attentats de Paris ? Le procès qui s'ouvre mercredi doit permettre de répondre, du moins en partie, à cette vaste question. Mais avant cela, plusieurs documentaires ont tenté de le faire. Et certains ont laissé un goût amer à Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur au moment des faits. Invité d'Europe matin mardi, celui-ci a réagi à certaines thèses, notamment sur la mauvaise gestion de l'intervention des forces de l'ordre. Et dénoncé des contre-vérités. "C'est abject de dire des choses comme ça."
"Les mises en cause des services et de l'État par les familles doivent être acceptées par ceux qui ont exercé la responsabilité de l'Etat et qui doivent être capables de rendre des comptes", commence d'abord humblement Bernard Cazeneuve. "Et d'ailleurs, je constate que parmi les victimes, rares sont celles qui procèdent à des mises en cause aussi abaissantes que celles dont sont capables certains responsables politiques dans ce pays."
"Une forme de nausée"
Des responsables politiques, mais aussi des journalistes, selon Bernard Cazeneuve. "Quand j'entends dans un reportage qu'il est dit que la BI (brigade d'intervention) aurait été interdite d'intervenir par Manuel Valls, ancien Premier ministre [à l'époque] qui était de surcroit ministre de l'Intérieur [avant de passer à Matignon], au motif que le directeur de la BRI (Brigade de recherche et d'intervention) aurait pu le soutenir au moment des élections présidentielles... C'est abject de dire des choses comme ça. Les laisser dire et diffuser ne peut pas produire d'autres effets qu'une forme de nausée."
C'est l'une des hypothèses soulevées par le documentaire "Les ombres du Bataclan", diffusé sur Arte et réalisé par Francis Gillery. Manuel Valls aurait favorisé la BRI par intérêt électoral, retardant donc l'intervention des forces de l'ordre. "Quand on dit qu'une brigade d'intervention a souhaité intervenir à 21h30 et qu'elle a été empêchée de le faire, sans préciser qu'elle ne pouvait pas souhaiter intervenir à 21h30 parce que l'attaque commence à 21h40, on voit à quel point, quand on présente les choses d'une certaine manière, avec la volonté de nuire, de semer la colère et le trouble, on peut le faire en étant malhonnête", s'agace Bernard Cazeneuve.
"Ce n'est pas du tout ça qui s'est passé"
"Je ne dis pas qu'il n'y a pas eu de failles. Je souhaite simplement que quand il y a des failles, on les pointe pour ce qu'elles sont", poursuit l'ancien ministre de l'Intérieur. "J'entends dire là aussi que lorsque Salah Abdeslam a été contrôlé par la gendarmerie du côté de Cambrai, on a demandé aux Belges des informations et qu'on a laissé partir Abdeslam avant que les Belges ne répondent." Là encore, Bernard Cazeneuve assure que "ce n'est pas du tout ça qui s'est passé."
"On a interrogé le fichier d'information Schengen et le fichier d'information Schengen n'a pas révélé, à ce moment-là, qui était la vraie personnalité et le vrai danger d'Abdeslam. Pourquoi ? Parce que les services dont c'était la compétence en Belgique n'avaient pas renseigné le fichier." C'est pourquoi, assure-t-il, des mesures destinées à renforcer la coopération entre les services de renseignement ont été prises par la suite.