La tradition, mais "renouvelée". Le FN fêtera bien le 1er mai ce dimanche. Les dirigeants du parti ont toutefois décidé ("à l'unanimité", selon le numéro 2 Florian Philippot) de remplacer l'historique défilé, organisé depuis 1988, par un banquet dans un hangar de La Villette. Le but : orchestrer un événement "apaisé", alors que le parti craint la menace de Daech et celle de... Jean-Marie Le Pen.
"Un banquet populaire et patriote". Le FN espère en effet un cru 2016 moins bouchonné que celui de 2015, où s'étaient multipliés les incidents : intervention des Femen en plein discours de Marine Le Pen, intrusion de Jean-Marie Le Pen sur scène, coup de parapluie vers des journalistes de la part de Bruno Gollnisch.
Pour créer "l'apaisement", la direction du parti a décidé de "renouveler" son cérémonial : fini le dépôt de gerbe place des Pyramides devant la statue de Jeanne d'Arc du sculpteur Fremiet, suivi d'un défilé (organisé depuis 1979, avec des modalités et dates variables) vers la place de l'Opéra, puis d'un discours. Cette année, le Front national "officiel" se réunira place Saint-Augustin, près de Saint-Lazare, pour un discret dépôt de gerbe devant une autre statue de la Pucelle d'Orléans, avant un "banquet populaire et patriote" porte de la Villette.
La menace de l'Etat islamique prise en compte. Les présidents de groupes FN aux Conseils régionaux (Marion Maréchal comprise) s'exprimeront à partir de 13h, histoire de montrer l'unité et l'ancrage territorial du parti. Marine Le Pen s'exprimera, elle, à partir de 14h30. Son bras droit Florian Philippot a indiqué à l'AFP qu'elle allait "définir les contours, la méthode" de "la France apaisée".
Avec ce banquet, le FN aura donc moins à s'inquiéter de débordements susceptibles de compromettre l'image d'un FN en ordre de marche pour 2017. Le parti pourra aussi - et c'est d'ailleurs la raison officielle invoquée - plus facilement en assurer la sécurité. La direction s'est en effet dite très préoccupée par la présence, dans un numéro récent de "Dar Al Islam", le magazine du groupe Etat islamique, d'une photo prise lors d'une manifestation du 1er mai du FN avec la légende "rassemblement d'idolâtres du FN. Des cibles de premier choix".
Jean-Marie Le Pen veut "frapper les esprits". Mais si Jean-Marie Le Pen ne pourra pas, comme l'an dernier, perturber le discours de la patronne tout de son manteau rouge pétant vêtu, il devrait tout de même faire entendre sa voix dissonante. Lui et ses "Comités Jeanne, Au secours!" se rassembleront ainsi le matin place des Pyramides. Son discours, à 10h45, "frappera sans doute les esprits pour longtemps", a d'ores-et-déjà prévenu son lieutenant Laurent Ozon.
La guerre des chiffres. Les chiffres auront leur importance. D'après la direction du FN, 2.000 personnes sont attendues au banquet, qui affichera ainsi salle comble. Du côté de Jean-Marie, "s'il y a 200 personnes, on verra que j'ai encore 200 copains. Si c'est 1.000 ou 2.000, ça deviendra un fait politique", répète ces derniers temps le cofondateur du FN. Bruno Gollnisch, député européen et soutien pourtant invétéré de Jean-Marie Le Pen, a déjà fait savoir à Europe 1 qu’il n’est "pas certain d’être à Paris ce jour-là". Il faut dire que la direction du parti n'apprécierait pas beaucoup : le FN prévoit en effet de sanctionner les cadres du parti qui participeraient au 1er mai de Jean-Marie Le Pen.
Du côté des groupuscules d’extrême-droite, Jean-Marie Le Pen pourra tout de même compter sur la présence de représentants du PNF (le Parti Nationaliste Français). Yvan Benedetti, ancien président de l'Œuvre française, un groupe d'extrême-droite dissout par Manuel Valls en 2013, devrait également être présent. Et c'est sans compter la vieille base militante du FN, restée fidèle à Jean-Marie Le Pen.