Réunion de crise. L’état major d’Europe Ecologie-Les Verts s’est réuni, mercredi soir, pour discuter du cas Joly. D’abord silencieuse, leur candidate à la présidentielle est revenue sur le devant de la scène politique, en début de la semaine, pour attaquer frontalement François Hollande. Invitée de la matinale de RTL, elle s'est, par exemple, obstinément refusée à dire si elle appellerait à voter Hollande au second tour.
Après une journée de bisbilles et de retours en arrière, les principaux responsables écolos se sont donc rassemblés pour débriefer ces cafouillages et… sont ressortis tout sourire, en compagnie d’Eva Joly.
En façade, les ténors EELV réaffirment leur soutien à Joly
Lors de cette réunion téléphonique, la direction a "clairement réaffirmé à Eva Joly que le mouvement était derrière elle" et "ça lui a fait plaisir", a assuré Pascal Durand, porte-parole d'EELV.
"Les électeurs de gauche et les écologistes ont l'aspiration d'une victoire commune, ils ne nous demandent pas de passer sous silence nos différences mais de démontrer la possibilité d'une alternative" et cela "ça libère la campagne d'Eva Joly", a renchéri la patronne d'EELV Cécile Duflot.
Toutefois, sur la méthode, "il va y avoir un lien plus étroit dans la préparation de l'équipe de campagne d'Eva" avec la direction, a-t-elle ensuite pondéré, relevant qu'"il n'y a pas eu de problème de fond mais de forme".
Mot d'ordre : lui fournir ses "éléments de langage"
En coulisses toutefois, les désaccords ne portent pas que sur "la forme". "Eva Joly peut-elle encore faire campagne ? C'est la question qu'on se pose tous", a ainsi confié au Monde un membre de la direction du parti.
"On va essayer de mieux coordonner les prises de parole de la candidate par rapport au part", a également indiqué le député écolo Yves Cochet dans les couloirs de l’Assemblée nationale. Elle est revenue "sans avoir les éléments de langage avec le parti et elle a eu des mots pas appropriés lorsqu'on a des partenaires et même des adversaires. On peut toujours critiquer les programmes, mais il faut respecter les gens", a-t-il regretté.
"Il faut tirer de cette épisode qui n'est pas à notre avantage - la droite se lèche les babines de nos prétendues mascarades -, qu’il faut entourer Eva, de ne pas la laisser seule dans des situations difficiles", a aussi reconnu Noël Mamère.
En tous cas, cet épisode risque de ressortir, quand, en janvier ou février, EELV réexaminera la nécessité de maintenir une candidate au premier tour de la présidentielle. Daniel Cohn-Bendit a, à plusieurs reprises , fait part de son scepticisme sur le bien-fondé d'une candidature écologiste, quelle qu'elle soit si le contexte de ne s'y prête pas. Selon lui, si en début d'année, le Front national est haut dans les sondages, les écologistes devront se rallier, dès le premier tour, avec le Parti socialiste, pour éviter un nouveau 21 avril.