François Hollande bat des records d’impopularité et les ministres enchaînent les couacs de communication… du pain béni pour l’opposition ? Que nenni ! Parce qu’elle en est encore à panser les plaies nées de la défaite de Nicolas Sarkozy et de la guerre intestine entre François Fillon et Jean-François Copé, l’UMP n’a pas réussi à tirer les marrons du feu en 2013. Pire, selon une enquête de l’Ifop pour le Journal du dimanche parue mi-novembre, 74 % des Français estiment que l'UMP ferait "moins bien" ou "ni mieux ni moins bien" que l’actuelle majorité. Autopsie d’une année compliquée, où une question domine : l'UMP a-t-elle avancée en 2013 ?
>> Non, car…
Toujours pas de leadership. Jean-François Copé n’est pas parvenu à s’imposer. Après sa victoire à la Pyrrhus dans la bataille à la présidence de l’UMP, l’élu de Meaux espérait rassembler autour de son nom une famille morcelée. Un peu plus d’un an après sa prise de pouvoir, le constat est accablant : manque de collégialité, gestion clanique du parti et incapacité à fédérer, Jean-François Copé agace sa famille politique. Les cadres du mouvement n’en peuvent plus, et des menaces de scission ont affleuré ici ou là, venant de François Baroin ou Bernard Accoyer. Et quand François Fillon croise, début décembre Jean-François Copé dans les locaux de l'UMP, il tourne les talons...
Malmené dans son camp, Jean-François Copé pourrait se dire qu’il fait le sale boulot et que les militants lui en sauront gré en temps voulu. Pour la primaire de 2016, par exemple. Las, les sondages montrent que l’image du patron de l’UMP est toujours aussi dégradée dans l’opinion publique. De tous les candidats potentiels à la candidature (Sarkozy, Fillon, Juppé…), il est toujours dernier. D'après un sondage publié par Le Parisien fin octobre, 73% des Français ont une mauvaise opinion du leader de l'opposition, toutes sensibilités confondues. C’est énorme. Les médias ne l’apprécient pas davantage. Et c’est tout l’UMP qui pâtit des soucis de son patron.
La menace du FN plane. L’UMP n’a toujours pas tranché : faut-il marcher sur les plates bandes du Front national, comme l’a fait Nicolas Sarkozy lors de la dernière campagne électorale ? Ou faut-il s’entendre avec le centre et maintenir le "cordon sanitaire" avec le parti d’extrême droite ? Depuis des mois, la formation de Marine Le Pen bombe le torse devant les sondages. Une enquête Ifop pour le Nouvel Observateur, en octobre, a même placé le FN en tête pour les prochaines élections européennes.
Le danger est réel pour l’UMP. Déçus par un parti balkanisé et sans ligne directrice, des électeurs de droite pourraient être tentés de franchir le Rubicon frontiste à l'occasion des municipales de mars 2014. Quelque 53,1% d’entre eux se disaient ainsi favorables à un accord avec le Front national au niveau local, selon un sondage Ipsos pour France 2 et Le Parisien/Aujourd'hui en France, en octobre dernier. Des élus UMP ont la même tentation, à Nice, Avignon, Saintes-Maries-de-la-Mer et bien d’autres communes. Des discussions secrètes sont engagées aux quatre coins de la France.
La guerre des egos continue. 2017, ils sont nombreux à y penser. Certains le disent haut et fort, comme Fillon ou Bertrand, d’autres restent en embuscade tels Juppé ou Copé. La jeune garde, elle, se pousse du col, à l’image de Nathalie Kosciusko-Morizet, qui n’a jamais fait mystère de ses ambitions élyséennes, reste à savoir quand. La primaire qui désignera en 2016 le candidat de l’UMP à la présidentielle s’annonce en tout cas corsée. Nicolas Sarkozy y participera-t-il ?
Alors que le retour de l’ancien président se précise chaque jour un peu plus, ses proches estiment que, de par son statut, Nicolas Sarkozy n’aura pas besoin d’en passer par cet exercice de démocratie interne. Ses rivaux sortent les griffes, et insinuent que le champion des sondages auraient peur des militants, qui ont approuvé à plus de 90 % le principe de cette élection interne. "Pourquoi craindrait-il les primaires ?", s’est ainsi faussement interrogé Xavier Bertrand, le 15 décembre dernier, sur RTL. D’autres, comme Alain Juppé, laissent filtrer l’idée qu’avancer la primaire au début de l’année 2016 serait une bonne idée. Une façon de forcer l’ancien président à sortir du bois plus vite qu’il ne l’avait prévu. Chacun fourbit ses armes, au détriment de l’intérêt collectif.
>> Oui, car…
Sept législatives partielles gagnés. "Le seul vrai gagnant dans les urnes en 2013 a été l’UMP ". Difficile de contredire Brice Hortefeux. Dans un long entretien au Figaro de lundi, le bras droit de Nicolas Sarkozy rappelle aux grincheux de l’opposition que si "l’UMP a traversé une crise, cela ne l’a pas empêché de remporter sept des huit élections législatives partielles." Tout n’a donc pas été si catastrophique que cela pour l’UMP, même si un bémol doit être apporté : l’abstention fut extrêmement forte dans tous ces scrutins et les circonscriptions en jeu étaient acquises à la droite.
Une ébauche de programme. Depuis la victoire de François Hollande le 6 mai 2012, le principal parti d’opposition s’est davantage distingué par ses querelles intestines que par sa production d’idées programmatiques. Pour y remédier, toutes les têtes d’affiche du mouvement, de Jean-François Copé à François Fillon, en passant par Alain Juppé, Xavier Bertrand ou encore Laurent Wauquiez, s’étaient donnés rendez-vous, le 18 décembre dernier, pour un séminaire visant à définir une dizaine de "mesures d'urgence" à prendre pour "redresser la France" et "sortir de la politique catastrophique du gouvernement Ayrault".
Il est ressorti de ce brainstorming collectif plusieurs propositions en faveur du travail, de la compétitivité des entreprises françaises et de la réduction des dépenses de l'État, qui seront ensuite soumises au vote lors du Conseil national de l'UMP, le 25 janvier prochain. Quelques heures plus tard, Jean-François Copé pouvait pavoiser au JT de 20h de TF1 en assurant que les ténors de l'UMP ont, en deux heures, tracé "un autre chemin pour la France".
Sarkozy s’est refait la cerise. "Les absents ont toujours tort", dit le dicton. Sauf en politique. Battu par François Hollande parce qu’il avait cristallisé sur son nom toutes les colères des Français, Nicolas Sarkozy profite de son (très relatif) anonymat pour redorer son image. Loin des yeux, plus près du cœur. Comme si les Français avaient oublié pourquoi ils ne l’aimaient plus.
Après sa défaite, l’ancien président avait complètement disparu du classement des personnalités préférées des Français, établi par l’Ifop pour le JDD. Il y est de nouveau rentré en juillet 2013 avant, dimanche, de gagner 5 places et de devenir le second homme politique du classement, derrière Simone Veil. François Hollande ? Avant-dernier. Et quand on demande aux militants de l’UMP qui ils souhaitent voir porter leurs couleurs en 2017, tous les sondages sont unanimes : Nicolas Sarkozy ! Détesté hier, espéré demain.
• ZOOM - A l’UMP, c’est dans les vieux pots qu’on fait…
• DÉCRYPTAGE - Pourquoi Sarkozy gêne l’UMP
• INFO E1 - En 2014, Sarkozy va (commencer à) sortir du bois
• SOUVENIR : Il y a un an... l'UMP élisait son président