L'enjeu. Après une année 2012 calamiteuse et une année 2013 en demi-teinte, l'UMP, encore en convalescence, veut faire de 2014 une année stratégique. A l'approche des élections municipales, le parti cherche à regagner en crédibilité. Car aujourd'hui, l'UMP ne profite pas des difficultés rencontrées par François Hollande et le gouvernement Ayrault. 74 % des Français estiment en effet que l'UMP ferait "moins bien" ou "ni mieux ni moins bien" que l’actuelle majorité, selon une enquête de l’Ifop pour le Journal du dimanche parue à la mi-novembre. Pas très encourageant pour l'UMP à trois mois des municipales. Faute d'espérer encore une vague bleue aux municipales, le parti craint un vote sanction qui profiterait surtout au Front national. D'où l'appel au vote utile dès le premier tour martelé par Jean-François Copé.
Une ligne politique mais... Officiellement, un an après la guerre Fillon/Copé, tous les leaders du parti travaillent désormais ensemble. Après avoir passé une journée en séminaire à définir une dizaine de "mesures d'urgence" à prendre pour "redresser la France", le 18 décembre dernier, tous les ténors de l'UMP seront de nouveau réunis au siège du parti, le 25 janvier, lors du vote du Conseil national de l'UMP. L'objectif est double : montrer que le parti se prépare à l'alternance et prendre une belle photo de la famille UMP réconciliée. "C’est formidable !" fait mine de s’extasier un élu, contacté par le journaliste politique d'Europe 1 Ludovic Fau. "Pour la première fois depuis 2012, on va réussir à organiser un grand meeting qui réunira Copé, Fillon, Juppé, Raffarin et les autres. Et on aura enfin quelque chose qui ressemble à une ligne politique !"
… toujours pas de leadership. En réalité, c'est chacun pour soi. L'UMP a beau jeu d'afficher son esprit collectif, le bal des egos fait toujours rage au sein du parti. Jean-François Copé a été le premier à dégainer ses vœux dans une vidéo diffusée lundi. Son ancien rival François Fillon a, lui, prévu de s'adresser aux Français, mardi, dans un message diffusé sur son blog. Le 15 janvier, au lendemain de la conférence de presse de François Hollande, François Fillon réunira ses partisans à Paris. Objectif ? Remobiliser des troupes déboussolées après les ratages des derniers mois. Sur le terrain aussi, les deux frères ennemis de l'UMP jouent leur partition en solo et "se tirent la bourre" pour aller soutenir les candidats aux municipales. Rien que la semaine prochaine, François Fillon fera trois sorties. Ce qui n’impressionne pas du tout l’équipe de Jean-François Copé qui a déjà prévu 26 déplacements.
Sarkozy attend son heure. Pendant ce temps là, Nicolas Sarkozy observe. En attendant de voir ce que vont donner les élections du printemps, l’ancien président va poursuivre sa stratégie de l'absent qui ne cesse de se rappeler au bon souvenir des Français. Continuer à se taire … tout en faisant parler de lui. Rester au-dessus de la mêlée tout en étant omniprésent. Pour apparaître comme un recours le moment venu, l'ancien chef de l'Etat doit empêcher l'UMP de tourner la page. Il y a ceux qui font avec, comme Jean-François Copé qui déjeunera avec Nicolas Sarkozy en début d’année. Et ceux qui ne supportent plus la tutelle de l'ancien président. C’est le cas de François Fillon. Le dernier contact entre les deux hommes remonte à plus de six mois. Une éternité en politique.
• ZOOM - A l’UMP, c’est dans les vieux pots qu’on fait…
• DÉCRYPTAGE - Pourquoi Sarkozy gêne l’UMP
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• SOUVENIR : Il y a un an... l'UMP élisait son président