Alors que la droite est rentrée dans le dur de sa primaire et que les candidatures à gauche foisonnent, François Hollande est pressé par ses proches de réagir. Le président de la République en a justement l’occasion jeudi. Invité des fondations Jean Jaurès et Terra Nova à participer au colloque sur la démocratie face au terrorisme, le chef de l’Etat va prononcer un discours long de près d’une heure. Très attendu par les observateurs du landernau politique, mais aussi par les soutiens du président en place. C’est même chez ces derniers que les attentes sont les plus nombreuses.
- Certains veulent qu’il accélère, mais…
François Hollande a dit et répété qu’il ferait part de ses intentions en décembre, après la primaire des Républicains, les 20 et 27 novembre prochain. Pour certains "hollandais", c’est trop tard. "Je pense que le président de la République doit donner des signes rapidement sur ce qu'il veut faire et sur le projet qu'il veut porter. Il faut qu'il le dise vite et peut-être même dès la semaine prochaine, avait lancé Bruno Le Roux le 1er septembre dernier sur Radio Classique. Evoquant le discours de jeudi, le patron des députés socialistes, fidèle soutien du chef de l’Etat, avait insisté : "Je souhaite qu'à ce moment il ouvre les perspectives qui nous projettent dans l'avenir".
Il faut qu'il se lâche comme il le fait en privé
Idem pour Julien Dray, qui a l’oreille du président depuis de nombreuses années. "La fonction imposait la retenue, mais François Hollande n’est aujourd'hui plus tenu par aucun équilibre", a estimé le "Baron noir", expert ès manœuvre politique, face au fourmillement de candidatures à gauche. "Il peut dire les choses comme il les sent. Il faut qu'il se lâche comme il le fait en privé, qu'il prenne des risques en sortant de sa réserve présidentielle, que beaucoup confondent bêtement avec une absence d'affect".
Ces deux-là, et tous ceux qui espèrent une déclaration de candidature dès jeudi, en seront pour leurs frais. "Il est hors de question d’accélérer la candidature. Le président a annoncé sa décision pour décembre, il la donnera donc en décembre", a prévenu mardi dans Le Monde Didier Guillaume, chef des sénateurs et très au fait de la stratégie élyséenne. "Dans le tumulte, il faut avoir de la hauteur. La question n’est pas d’accélérer ou pas. Il faut se hâter lentement", abonde Jean-Christophe Cambadélis, le patron des socialistes. D'ailleurs, le président lui-même a clairement laissé entendre depuis le Vietnam qu'il n'était pas question d'accélérer et de changer de calendrier.
- Une vision pour l’avenir
Pas de déclaration de candidature à attendre donc, mais un pas de plus, certainement, vers 2017. Et d’ailleurs Bruno Le Roux a fait savoir qu’il attendait, à défaut d’une déclaration, un "signal de volonté, avec les grandes lignes de son action et quelle peut être la suite pour les Français". Après avoir tiré un bilan, forcément positif, de son action en mai dernier lors d’un discours au théâtre du Rond-Point, le chef de l’Etat devrait donc regarder vers l’avenir. Ses troupes attendent donc qu’il se démarque nettement de la droite sur la question de l’identité nationale, et qu’il fixe un cap pour le futur.
Une attente naturellement teintée d’optimisme. "A chaque fois que le président a parlé de la République, il a su trouver les bons mots pour parler au pays. C’est aussi pour François Hollande l’occasion d’envoyer un signe pour l’après", assure dans Le Monde Kader Arif, ancien secrétaire d’Etat aux Anciens combattants et proche de toujours du chef de l’Etat. Jeudi, en début d’après-midi, après sa prise de parole, François Hollande ne sera sans doute pas officiellement candidat. Mais ses soutiens auront sans doute plus d’arguments à faire valoir pour plaider en faveur de cette candidature. C’est, pour eux, tout l’enjeu de ce discours présidentiel.