Une confrontation bilan contre programme. Pendant près de trois heures, François Hollande et Nicolas Sarkozy se sont opposés avec virulence, mercredi, lors du traditionnel "débat de l’entre-deux-tours".
Dès le début, le ton est donné
Premier à prendre la parole, François Hollande a attaqué d'emblée Nicolas Sarkozy. "Si vous avez le sentiment que pendant cinq ans, vous avez rassemblé tous les Français, vous ne les avez pas divisés (...), vous n'avez pas montré celui-ci du doigt, alors je vous donnerai quitus. Mais je sais que les Français ont eu ce sentiment", a-t-il asséné.
Quelques minutes plus tard, Nicolas Sarkozy a répliqué à sont tour, accusant François Hollande de ne pas avoir condamné les attaques verbales à son encontre : "Quand on m'a comparé à Franco, à Pétain, à Laval, pourquoi pas à Hitler, vous n'avez pas dit un mot". "Ce n'est pas vrai", a rétorqué son rival : "Vous aurez du mal à passer pour une victime".
Chômage et déficits
Après ces propos liminaires, les deux hommes sont entrés dans le vif des questions économiques, premier thème imposé, chacun sa stratégie en tête : attaque du bilan du président sortant pour François Hollande et critique du programme du candidat socilaiste pour Nicolas Sarkozy. Le candidat PS a reproché au président sortant de ne pas avoir tenu sa promesse de ramener le chômage à 5%, avant de parler des déficits. "Cette dette publique est née à la fois de vos largesses fiscales pour les plus favorisés et en même temps de cette incapacité qui a été la vôtre de maîtriser la dépense publique", a asséné François Hollande."Vous voulez moins de riches, moi je veux moins de pauvres", a contre-attaqué Nicolas Sarkozy, accusant son rival de "folie dépensière".
Deux visions de l'Europe
Nicolas Sarkozy s'est efforcé de démontrer qu'il avait sauvé l'euro et permis à la France d'emprunter à des taux historiquement bas sur les marchés financiers."L'Europe s'en est sortie", a-t-il dit en fustigeant l'exigence d'une renégociation du traité de discipline budgétaire européen formulée par François Hollande. Certes, a-t-il dit, la croissance doit être stimulée mais soit le candidat socialiste "invente le fil à couper le beurre" en prônant une taxe sur les transactions financières que le gouvernement sortant entend mettre en place, soit il défend des instruments dangereux, comme les euro-obligations.
Au chapitre des rares annonces de cette soirée, François Hollande a assuré que, s'il est élu, il ne tolérerait ni les horaires différenciés hommes-femmes dans les piscines municipales, ni la viande halal dans les cantines des écoles municipales. Alors qu'il ne voulait pas mettre la question de l'immigration au coeur de sa campagne, le candidat socialiste a assuré qu'il était prêt à aller jusqu'au référendum sur le droit de vote des étrangers non communautaires aux municipales s'il n'obtenait pas de majorité au Parlement.
Le style de présidence
La confrontation a atteint son paroxysme sur le "style" de présidence. "Vous avez nommé vos proches partout", a accusé François Hollande. "Ca, c'est un mensonge, c'est une calomnie, vous êtes un petit calomniateur", lui a rétorqué Nicolas Sarkozy.
Puis, François Hollande assène le coup de grâce à son rival, se lançant dans une longue tirade construite sur une anaphore : "Moi, président de la République, je ne serai pas le chef de la majorité, je ne recevrai pas les parlementaires de la majorité à l’Elysée. Moi, président de la République, je ne traiterai pas mon Premier ministre de collaborateur" (…) Une formule employée à 16 reprises. 16 coups portés à son rival.