Jamais, un président de la République n’avait encore franchi le pas avec ce type de format. Officiellement, il s’agit de "retracer les grands événements du quinquennat, les temps longs, de manière sincère". De très belles images, soignées, inédites et bien montées qui mettent en valeur les deux premières années du chef de l’État à l’Élysée.
Humanisation du chef de l'État
Alors, quand on regarde ce premier épisode, on constate qu'il s'agit d'un vrai documentaire. Mais il n'y a pas de voix off, pas d’analyse ni de commentaire. Des images brutes, toujours léchées et un acteur principal : Emmanuel Macron. On est vraiment dans l’action, avec le président qui commente, valorise son bilan, évoque ses joies, ses peines.
Tempête Irma, suppression de la taxe d’habitation, cérémonie d’hommage au colonel Beltrame, gilets jaunes, saccage de l’Arc de triomphe... Nicolas Sarkozy répète souvent : "Les Français aiment Monte Cristo…. Les hommes politiques qui souffrent, trébuchent, se relèvent et triomphent. Ils aiment les politiques couverts de bleus, qui finissent par triompher."
Il y a un peu de ça dans ce documentaire. Et toujours cet objectif permanent : humaniser un chef de l’État qu’on a souvent décrit hautain et éloigné des préoccupations des Français.
Ce soir, 18h. pic.twitter.com/CoLOEQYwVI
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) May 4, 2022
Avant, les chefs d’État confiaient ce type de production à des chaines de télévision. D’ailleurs, Emmanuel Macron aurait tout à fait pu ouvrir ses portes à une chaîne de télévision. Mais il ne l’a pas fait. Loin de tout réflexe corporatiste, la démarche dit beaucoup de l’époque. Ça montre cette volonté de maîtriser la communication politique jusqu’au bout. Une obsession a commencé il y a plusieurs années maintenant.
Les images des meetings des candidats à la présidentielle sont désormais systématiquement produites par leur équipe et envoyées directement aux chaînes de télévision qui diffusent toutes les mêmes contenus.
Macron obsédé par l'idée de laisser une trace dans l'Histoire
Comme maintenant les meetings se regardent à la télévision, le téléspectateur voit donc ce qu’il y a de plus beau dans les réunions publiques, avec le montage du son et de la lumière... Et ça limite forcément la subjectivité des journalistes, puisqu’ils ne peuvent commenter que ce qu’on leur montre… Avec cette fausse impression qui fait toujours autorité : "les images parlent d’elles-mêmes".
Même si l’initiative dépasse largement le cas d’Emmanuel Macron. Il faut donc bien comprendre ce que signifie la démarche : donner à voir exclusivement ce qui a été validé, ce qui est valorisant, des images positives.
Emmanuel Macron est aussi obsédé par l’idée de laisser une trace dans l’Histoire et si possible, le plus vite possible. Cela concerne tous les présidents. Mais comme il n’y a plus de grands projets, comme le Louvre pour François Mitterrand, les innovations industrielles pour Georges Pompidou par exemple, le film auto produit, ultra maîtrisé, permet de répondre différemment à cet objectif.
Cette vidéo répond à la question : "Que retiendra l’histoire de mon quinquennat ?". Et l’avantage ici, c’est que les images sont bien plus exclusives, bien plus intimes, que celles des chaînes de télévision qui, évidemment, n’ont pas les mêmes accès que les vidéastes de l’Élysée, embarqués en permanence, partout avec Emmanuel Macron.
Ce document aura par sa nature une très haute valeur pour les archives, et donc pour l’Histoire.