L’UMP est accusée de s’opposer sans proposer. Alors mercredi, tous les ténors du parti se sont réunis pour définir une dizaine de"mesures d'urgence" à mettre en œuvre pour "redresser le pays". Une façon de clarifier ses orientations futures et de montrer aux Français que l’UMP est une alternative crédible pour 2017. Mais à y regarder de plus, les propositions énoncées n’ont rien vraiment de nouveau. Fact checking.
La sortie définitive des 35 heures. En 2007, avec son désormais fameux "travailler plus pour gagner plus", Nicolas Sarkozy souhaitait enterrer la mesure-phare du gouvernement Jospin pour libérer le marché du travail. Mais confronté au rejet des salariés et des entrepreneurs, le président d’alors avait préféré détricoter la mesure plutôt que de la tuer symboliquement. En 2012, il avait promis d’aller plus loin, mais la victoire de François Hollande l’en a empêché. Lors du séminaire de mercredi, ses "amis" de l’UMP ont donc décidé de remettre au goût du jour cette promesse enterrée.
La dégressivité des allocations chômage. Dans l’optique de "passer d’une indemnisation passive du chômage à un accompagnement actif vers l’emploi", les cadres de l’UMP se sont entendus lors de cette réunion sur "la dégressivité des allocations chômage". Une mesure que Bruno Le Maire, en charge du projet du candidat Sarkozy, avait déjà avancé en 2012. En vain, Nicolas Sarkozy refusant alors de l’inclure à son programme.
La suppression des départements. L’équipe dirigeante de l’UMP souhaite "simplifier le mille feuilles administratif"… comme François Hollande. Mais si le constat est partagé, les solutions proposées diffèrent. Dans l’opposition, on a décidé de relancer le vieux serpent de mer de la suppression des départements, qui rejaillit à chaque élection présidentielle. En 2008, par exemple, une fois arrivé au pouvoir, Nicolas Sarkozy avait vu cette proposition atterrir sur son bureau via le rapport Attali. Le président l’avait retoqué. «Les départements, ils ont la légitimité historique», estimait-il alors.
Le RSA sous conditions. Elaboré en 2008 par le Haut-commissaire aux solidarités actives, Martin Hirsch, le Revenu de solidarité active (RSA) avait été soutenu par Nicolas Sarkozy face à une droite qui n’en voulait pas. Le président avait tenu bon. Mais en mars 2012, lors de l’émission Des paroles et des actes, sur France 2, durant laquelle il expliquait son programme en cas de réélection, le chef de l’Etat annonce vouloir revoir les conditions d’octroi du RSA. Car s'il est normal d'être "aidé par la solidarité", "on doit faire un minimum d'efforts pour se réinsérer", estimait le président de la République. "Au lieu que le RSA soit comme ça accordé, à vie, pour certains, tous les dix-huit mois, il y aura une évaluation", annonçait-il. Dix huit mois plus tard, les cadres de l’UMP reprennent aujourd’hui cette restriction à leur compte.
Le contrat de travail unique. Afin de "simplifier la vie de ceux qui embauchent et de ceux qui travaillent", les barons de l’UMP proposent la création d’"un seul contrat de travail, fusionnant le CDD et le CDI, avec des droits progressifs". Là encore, rien de vraiment novateur puisque c’était une promesse de Nicolas Sarkozy en 2007. "Je garderai l'intérim et les contrats de projet (...) mais le contrat de travail unique inspiré du contrat nouvelle embauche (CNE) est une occasion de simplifier beaucoup le droit du travail français", assurait alors le candidat de l’UMP, qui finalement n’appliquera jamais sa proposition. "Les patrons craignaient qu'il soit plus rigide que les CDD, les salariés qu'il soit moins protecteur que le CDI", justifiait à l’époque l'Elysée.
Non remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant en retraite. La révision générale des politiques publiques est officiellement annoncée le 20 juin 2007. Objectif du gouvernement Fillon : retour à l'équilibre budgétaire et à un ratio (dette/PIB) inférieur à 60 % pour 2012. Pour y parvenir, la majorité décide alors, notamment, de ne pas remplacer un départ à la retraite sur deux dans la fonction publique, s’appuyant sur un rapport chiffrant les dépenses de personnel de l'État à 118 milliards d'euros annuels. François Hollande a abrogé cette disposition dès son arrivée à l’Elysée. L’UMP souhaite aujourd’hui son retour.
L’accès à la propriété facilité. Le logement est l’un des principaux problèmes des Français, et les politiques, de gauche comme de droite, en ont bien conscience. Mercredi, les dirigeants de l’UMP ont ainsi émis l’idée, pour élargir le parc de logements disponibles, de céder au moins 5% du parc de logements sociaux. Nicolas Sarkozy proposait la même chose en 2007, mais seulement à hauteur de 1%. L’UMP avance également l’idée d’un "droit à l’achat" pour les locataires, qui serait assorti de conditions très favorables. Une idée déjà avancée en 2011 mais non reprise par le candidat Sarkozy.
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