Bataille d’égos, bataille de courants. La défaite de Nicolas Sarkozy à la présidentielle ouvre, dimanche, une période de fortes turbulences à l’UMP.
Sur les plateaux de télévision dimanche soir, les ténors du parti ânonnaient les mots "d’unité", et de "rassemblement pour les législatives", mais très vite les piques entre eux ont fusé.
Le ministre du Travail Xavier Bertrand fût l’un des premiers à ouvrir le bal, réclamant, en direct sur France 2, "davantage de coopération" au sein de la direction de son parti.
La succession de Sarkozy est ouverte
Quelques minutes avant lui , Nicolas Sarkozy avait évoqué à la Mutualité son retrait - au moins passager - de la vie politique. "Je resterai l'un des vôtres", "mais ma place ne pourra plus être la même, mon engagement sera désormais différent", a-t-il annoncé à ses fidèles. Selon un ministre, il aurait même annoncé, dans le huis clos du Salon vert de l'Elysée, qu'il ne serait "plus jamais candidat aux mêmes fonctions". Donc ni à la présidentielle ni à la direction d'un parti qu'il a présidé entre 2004 et 2007.
De fait, c'est bien sa succession à la tête de l’UMP qui est désormais ouverte. Selon les statuts du parti, en cas de défaite du chef de l'Etat, l’UMP a quatre à six mois pour organiser un congrès et nommer un président.
Fillon, Juppé, Copé et les autres
Un rendez-vous est déjà pris. Anticipant de fortes secousses et la probable remise en cause de son leadership par Xavier Bertrand ou encore François Fillon et Alain Juppé, le parton de l’UMP, Jean-François Copé, a en effet annoncé dès mercredi la tenue d'un bureau politique extraordinaire lundi après-midi. Y seront évoquées la mise en place d'un "comité national" de campagne pour les législatives associant une quinzaine de ténors et l'autorisation d'organiser les sensibilités en "mouvements".
Objectif : jouer la carte de l'ouverture pour faire taire toute contestation interne et court-circuiter ses rivaux.
"Il faudra prendre le temps de l’autocritique"
Avant 20 heures, les copéistes avaient déjà dégainé, à titre préventif. "Il y a une légitimité en place, celle de Jean-François Copé, et personne ne doit la remettre en cause", avait ainsi pris soin de préciser Christian Estrosi, ex-adversaire résolu du numéro un de l’UMP, dont il s'est fortement rapproché.
Le ministre Laurent Wauquiez, anti-Copé, lui a répondu à distance : "Il faudra prendre le temps de l'analyse et de l'autocritique. Voir ce qu'il faudra changer au sein de l’UMP. On ne pourra pas se contenter de demi-réponses. Il faudra une reconstruction en profondeur". Le camp Copé est prévenu.