Le Parti communiste est-il en passe de devenir un redoutable adversaire pour la majorité ? La question est posée après une nouvelle alliance entre les sénateurs communistes et UMP, qui a abouti à "torpiller" le projet de loi de programmation budgétaire 2012-2017.
"Les communistes n'entrent pas dans la majorité"
"Les communistes n'entrent pas dans la majorité, c'est leur choix, leur responsabilité", a commenté, laconique, le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, sur BFM TV/RMC. "Je constate qu'ils ne sont pas dans la majorité gouvernementale. Ils votent avec nous sur un certain nombre de textes à l'Assemblée, mais c'est grave de ne pas voter le budget", a sermonné le patron des députés socialistes, Bruno Le Roux, sur France 2.
Ces dernières semaines, les sénateurs communistes ont multiplié les bras de fer avec le gouvernement. Première fronde avec le projet de loi sur les tarifs de l'énergie, rejeté la semaine dernière grâce à une alliance entre le PC et l'UMP. Nouvel acte de rébellion donc, basé sur le même "coup parlementaire", dans la nuit de mercredi à jeudi sur le projet de loi de programmation budgétaire 2012-2017.
La rébellion est loin d'être terminée
Et ce n'est pas fini … Les sénateurs communistes menacent aujourd'hui de ne pas voter le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS), si la nouvelle taxe sur les retraités n'est pas retirée du texte. La ministre de la Santé Marisol Touraine et le ministre délégué au Budget Jérôme Cahuzac ont d'ores et déjà fait savoir qu'ils n'étaient pas prêts à céder. Au Premier ministre de trancher.
Jean-Marc Ayrault reçoit dès ce jeudi trois élus communistes, dont le secrétaire national du parti, Pierre Laurent pour évoquer ce sujet de discorde. Le Premier ministre va devoir les convaincre pour éviter un nouvel affront. Car la gauche, avec ses quatre composantes - PS, écologistes, radicaux de gauche et Front de gauche -, ne dispose aujourd'hui à la Haute Assemblée que de six voix d'avance. Un seul groupe peut donc suffire à mettre en difficulté le gouvernement.
Ni dans l'opposition, ni dans la majorité
Cette position d'électron libre est totalement assumée par les communistes. "A chaque fois que le gouvernement Ayrault fera une politique de droite, il nous trouvera sur son chemin", prévient un sénateur PC, interrogé par Europe 1. "Nous ne sommes pas dans l'opposition. Nous sommes à gauche, et nous voulons que la gauche réussisse. Or, aujourd'hui, cette loi de programmation nous inscrit dans une politique d'austérité qui va nous mener à la récession", a fait valoir la députée communiste Marie-Georges Buffet.
Pas dans l'opposition, donc. Mais pas dans la majorité non plus. Contrairement à 1981 ou à 1997, quand le parti communiste soutenait la majorité et avait même des ministres au gouvernement. Aujourd'hui, le parti est bien décidé à jouer sa propre partition. En ligne de mire : les municipales de 2014. Pour espérer capter les voix des éventuels déçus du PS, mieux vaut apparaître comme une opposition ... de gauche.