L'ancien ministre Jean Charbonnel est prêt à livrer à la Garde des Sceaux Christiane Taubira deux noms qu'Alexandre Sanguinetti, figure du gaullisme, lui a présenté comme étant les responsables de la mort de l'ancien ministre Robert Boulin en 1979, a-t-il dit vendredi.
Jean Charbonnel a raconté avoir rencontré Alexandre Sanguinetti fin 1979 à Brive à l'occasion d'un dîner débat lors duquel cette figure du gaullisme et membre influent du Service d'action civique (Sac) lui a fait des révélations. "Il me dit : 'tu as bien compris qu'il a été assassiné? C'est X et Y et je t'en dirai davantage à Paris.' Il ne m'en a jamais reparlé, je n'ai pas eu l'occasion de le revoir", Sanguinetti étant mort entre-temps, a dit l'ancien ministre lors d'une conférence de presse.
"Je ne l'ai pas cru", a ajouté l'ancien ministre à propos des déclarations de Alexandre Sanguinetti. Jean Charbonnel avait évoqué ces confidences à France Inter dès 2009, assurant qu'il serait prêt à donner ces noms à des magistrats si l'enquête était rouverte. Mais faute de réouverture de l'enquête, Jean Charbonnel s'est dit prêt vendredi à rencontrer Christiane Taubira pour lui donner ces deux noms.
"On verrait ensuite avec la Garde des sceaux quelle publicité en donner", a-t-il précisé. L'ancien ministre a précisé qu'il avait placé ces deux noms dans une enveloppe, dans un coffre. Jean Charbonnel a précisé que ces deux noms lui avaient été présentés comme des "responsables de l'assassinat". En 2011, il avait déclaré que ces deux personnes lui avaient été présentées comme le commanditaire et l'exécutant de l'assassinat.
Ministre de Valéry Giscard d'Estaing, pressenti pour Matignon, Robert Boulin avait été retrouvé mort dans l'Etang Rompu à Saint-Léger-en-Yvelines (Yvelines), dans 50 cm d'eau, le 30 octobre 1979. Selon la thèse officielle, Robert Boulin, mis en cause dans une affaire immobilière à Ramatuelle (Var), s'est suicidé en absorbant des barbituriques. Mais pour sa famille, il s'agit d'un assassinat politique. Le procureur général de Paris s'est opposé en juin 2011 à la réouverture de l'enquête réclamée par la fille de M. Boulin, Fabienne Boulin-Burgeat, pour "charges nouvelles".