Les aveux. Invité lundi soir de BFMTV, Jérôme Lavrilleux, qui a organisé les meetings de campagne de Nicolas Sarkozy en 2012, a donné sa vérité sur l'affaire Bygmalion. Très ému, souvent au bord des larmes, le tout récent eurodéputé a reconnu que certains meetings de campagne du candidat de l'UMP avaient bien été payés par le parti : "la facturation sur ces événements, c'était une manière de ventiler comptablement des choses qui auraient dues être inscrites sur les comptes de campagne", a-t-il clairement admis.
"Des prestations réelles". "Pendant la campagne, on me demande d'organiser des meetings et nous terminons la campagne avec plus de quarante meetings. Tout ceci a coûté de l'argent que ne permettait pas d'absorber des comptes de campagne. Toutes les prestations facturées ont été réelles. Une partie a été mise sur les comptes de campagne. L'autre partie a été absorbée par l'UMP", a reconnu Jérôme Lavrilleux, qui estime qu'il est "impossible de faire une campagne électorale avec 22 millions d'euros. Tout le monde use d'expédients ", justifie-t-il.
Un engrenage. Jérôme Lavrilleux a martelé qu'il n'y avait eu aucune malversation ni aucun enrichissement personnel. "L'origine des fonds, c'est ceux de l'UMP", a-t-il affirmé. "Il y a eu un engrenage irrésistible d'un train qui file à grande vitesse et les personnes qui auraient dû tirer sur le signal d'alarme ne l'ont pas fait. Je suis sans doute l'une de ces personnes mais je ne suis pas le seul dans le wagon", a-t-il ajouté.
"Je prends ma part de responsabilité". "Je n'ai pas eu le courage à un moment de dire 'stop, on en fait trop, on va dans le mur'. Il y a eu un dérapage, non pas sur la valeur, mais sur le nombre d'événements qui ont été organisés dans le cadre de cette campagne. Je prends ma part de responsabilité. Je n'étais pas le directeur de campagne et je ne me défausse sur personne... moi", a-t-il dit. "Il eut mieux valu jouer la franchise et présenter des comptes sincères mais non conformes", a-t-il encore reconnu.
Copé et Sarkozy pas au courant. Le directeur de cabinet de Jean-François Copé a par ailleurs totalement dédouané son patron. "Mon travail de directeur de cabinet, c'est de protéger mon patron. Jean-François Copé n'a pas été mis au courant de cette dérive du volume de dépenses", a-t-il assuré. "Ce n'est pas parce que c'est difficile à croire que ce n'est pas la vérité", a ajouté Jérôme Lavrilleux. Le dircab de Copé a encore assuré ne "jamais avoir fait part de ses doutes à Nicolas Sarkozy ou à Jean-François Copé sur ces volumes de dépenses".
Très ému, le bras droit de Jean-François Copé, tout juste élu député européen, a assuré qu’il ne se réfugierait pas derrière son immunité parlementaire. Quant aux sommes qui auraient été faussement attribuées à l’UMP, il confirme les estimations de l’avocat de Bygmalion, soit 11 millions d’euros : "je pense que c'est de cet ordre".
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