Ce ne sont pas huit millions d’euros que l’UMP aurait versés à Bygmalion entre janvier et juin 2012, comme l'affirmait Le Point fin février, mais plutôt 20, selon Libération. Le quotidien, qui explique avoir eu accès aux factures d’Event&Cie, filiale de la société de communication détenue par des proches de Jean-François Copé, affirme en sus que certaines des prestations, rémunérées par le parti de la droite pour la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, semblent fictives.
Des conventions thématiques "fantôme" ?Libération insiste en particulier sur les 12,7 millions d'euros versés par l'UMP pour au moins 55 "conventions thématiques" qui ont laissé peu de souvenir aux principaux intéressés. Le journal cite notamment une "conférence sur l'accès au crédit" le 30 mai 2012, trois semaines après la défaite de Nicolas Sarkozy, facturée 299.000 euros. Or, le député UMP Pierre Lellouche, supposé en être le principal intervenant, ne s'y est pas rendu, selon ses agendas et ses souvenirs.
Libération relève également une conférence salle Gaveau le 14 avril 2012, où il ne semble y avoir ni foule ni invités prestigieux, facturée pour la somme exorbitante de 680.950 euros et consacrée une semaine avant le premier tour à "La France avec les printemps africains - Regards croisés". "Ont-elles existé?", s'interroge le quotidien à propos de ces fameuses "conventions". Au sein du parti, "les cadres interrogés sursautent, voire s'étouffent, à l'énoncé des montants", assure Libération. "Ce sont des francs CFA?" ironise un ancien ministre UMP, cité par le journal.
Pour l’UMP, c’est… 19 millions d’euros. Jérôme Lavrilleux, directeur de cabinet de Jean-François Copé, a confirmé à Libération l'existence de "80 évènements" en 2012 et un chiffre global de 19 millions d'euros versés par l'UMP à Bygmalion pour cette même année. Il affirme avoir les preuves de la tenue de ces réunions sans accepter de les fournir au quotidien
Des frais de campagne déguisés ? Selon Libération, ces prestations parfois fictives pourraient en fait avoir été des "frais de campagne déguisés" destinés ) aider Nicoals Sarkozy à l'emporter. Et ce alors que le plafond autorisé pour la campagne était de 22,5 millions d'euros et que les comptes de campagne de Nicolas Sarkozy ont déjà été retoqués. L'avocat de Bygmalion, Me Patrick Maisonneuve, conteste dans le journal "toute accusation de surfacturation" et "toute rétrocommission".
Ce qui se joue. Pendant que Bygmalion, fondée par deux proches de Jean-François Copé, Bastien Millot (photo) et Guy Alvès jouit d'une santé financière "florissante", l'UMP a dû faire appel à ses sympathisants pour éponger les 11 millions manquants après l'invalidation des comptes du candidat Sarkozy. En mars, Jean-François Copé avait dénoncé un "coup monté" et "un tissu de mensonges" en peinant à convaincre. Il avait porté plainte contre Le Point. Event&Cie fait l'objet d'une enquête préliminaire pour faux, abus de biens sociaux et abus de confiance.
"Des montants très importants", reconnaît Pécresse. Valérie Pécresse a semblé un brin embarrasée au moment de commenter l'information, jeudi matin. "Je ne sais rien de cette affaire, mais les montants qui sont cités sont très importants et, vous le savez, ce sont les Français qui financent les partis politiques, par leurs impôts ou par leurs dons", a glissé l'ancienne ministre UMP sur iTélé. "Alors je suis sûre que Jean-François Copé aura à coeur de clarifier, de donner toutes les explications sur ces dépenses", a dit encore la patronne de l'opposition en Ile-de-France à propos du président de son parti.
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