Tout a commencé le 27 février dernier. Le Point publie en Une "l’affaire Copé", et révèle que des proches du président de l'UMP ont eu la charge d'organiser, via la société Bygmalion, la totalité des événements de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. L'hebdomadaire évoquait déjà des factures faramineuses. Trois mois plus tard, le 14 mai, Libération assure que l'UMP a réglé près de 20 millions d'euros de prestations à la société, pour des conventions présumées fictives. Depuis, l’UMP se déchire, des plaintes sont déposées et des perquisitions ont actuellement lieu à l'UMP. Europe1.fr vous rafraîchit la mémoire.
ACTE 1- Copé reconnaît "des interrogations"
Après avoir dénoncé pendant trois mois "un coup monté de manière ignoble" par les médias, Jean-François Copé, change radicalement son fusil d’épaule après les révélations de Libération, le 14 mai dernier. Désormais, il avoue avoir "des interrogations", et promet même de dire "exactement ce qu'il en est. [...] Vous aurez tous les éléments, je les donnerai." Et le président de l’UMP, si virulent trois mois plus tôt, de dire "merci à la presse" de s’être intéressée aux finances de son parti…
ACTE 2 - Un député UMP porte plainte pour "escroquerie ou abus de confiance"
Parmi les raouts très couteux révélés par Libé figure notamment une convention sur "l'accès au crédit", organisée le 30 mai 2012 et facturée 299.000 euros par une filiale de Bygmalion. Le député UMP Pierre Lellouche l’aurait animé. Problème : il assure du contraire, et a même décidé de porter plainte pour "escroquerie ou abus de confiance". "Je me considère comme gravement insulté, c’est une sorte de viol. Je veux que la lumière soit faite, il y va de l’honneur de la famille politique à laquelle j’appartiens", a lancé lundi l’ancien secrétaire d’État chargé du Commerce extérieur.
ACTE 3 - Les cadres chargent Copé
Sitôt la débâcle des européennes actée, des ténors de l’UMP ont très vite sorti les armes pour demander des comptes au président de leur parti. "Nous devons enfin comprendre que la transparence et l'exemplarité sont juste les conditions indispensables de la crédibilité du politique", a lancé Laurent Wauquiez. Pour Bruno Le Maire, "la direction de l'UMP doit faire la transparence totale sur ce qu'il s'est passé. Nous devons être exemplaires et transparents. Le changement doit être radical." Mais la charge la plus violente est venue, et ce n’est pas une surprise, de François Fillon : "l'UMP (...) est atteinte dans sa crédibilité et doit s'interroger sur les raisons de son échec", attaqué l'ancien Premier ministre, meilleur ennemi de Jean-François Copé depuis la sanglante bataille des chefs de l'automne 2012. Pour Alexandre Kara, chef du service politique d’Europe 1, "il veut la peau de Jean-François Copé, c'est simple. Les armes sont sorties."
Européennes 2014: quel sort pour Jean-François...par Europe1frACTE 4 - Copé prépare sa contre-attaque
Mardi se tiendra un bureau politique de l’UMP à l’Assemblée nationale, à 8h30, convoqué par Jean-François Copé lui-même. Autant dire que l’ambiance ressemblera davantage à Règlements de comptes à OK Corral qu’au Monde des Bisounours… Le président de l’UMP devrait annoncer qu’il porte plainte contre X. Il pourrait aussi annoncer à ses troupes qu’il va se séparer de son directeur de cabinet, Jérôme Lavrilleux, honni par les fillonistes depuis le psychodrame de la présidence à l’automne 2012, et celui d'Eric Cesari, directeur général du parti et proche de Nicolas Sarkozy. Pas certain pour autant que cela suffise à calmer la colère qui monte rue de Vaugirard, au siège du parti.
ACTE 5 - Bygmalion charge l’UMP
L'avocat de la société Bygmalion a affirmé lundi lors d’une conférence de presse que des "fausses factures" ont été établies lors de la campagne électorale de Nicolas Sarkozy. Selon Me Patrick Maisonneuve, Bygmalion "a bien travaillé à des meetings de campagne" qui ont été facturés à l'UMP sous le libellé de "convention". "C'était ça ou rien. C'est du chantage économique", a-t-il justifié précisant que "soit c'était facturé à l'UMP sous le libellé convention soit Bygmalion n'était pas payé". Me Maisonneuve assure que ces fausses factures portent sur "11 millions d'euros". Soit, ironie de l'histoire, le montant récolté auprès des militants lors du sarkothon...
ACTE 6 - Les larmes de Lavrilleux
Lundi soir, sur BFM, Jérôme Lavrilleux a lâché une bombe. L'ex-directeur adjoint de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012 a reconnu que des prestations fournies par la société Bygmalion avaient été indûment facturées à l'UMP au lieu d'être imputées aux comptes de campagne du président-candidat.
"Il y a eu des factures présentées à l'UMP qui correspondaient à des dépenses faites pour la campagne" du chef de l'Etat sortant, a assuré ce proche de Jean-François Copé, qu’il dédouane de toute responsabilité. "Une partie" du coût des meetings du président-candidat "a été intégrée dans le compte de campagne", "une autre absorbée par l'UMP", a-t-il reconnu, précisant qu'il y avait eu "environ 11 millions d'euros de dépenses liées à la campagne ventilées sur d'autres opérations". Mais "il n'y a eu aucune malversation, aucun paiement en liquide", ni "enrichissement personnel", a-t-il lancé, en pleurs.
ACTE 7 - La défaite de Copé
Jean-François Copé espérait encore mardi matin pouvoir sauver sa peau. Face aux barons de l'UMP réunis en bureau politique, le patron de l'ex-parti majoritaire n'a tenu que trois heures. Il a finalement annoncé en fin de matinée sa démission de la présidence de l'UMP. Ou plutôt sa démission a été annoncée, par plusieurs participants au bureau politique de ce parti réuni à l'Assemblée nationale. En attendant la tenue d'un Congrès en octobre, qui promet de nouveaux débats de fond et d'autres querelles d'égos, c'est un trio d'anciens Premiers ministres qui prend le relai temporairement : Jean-Pierre Raffarin, Alain Juppé et François Fillon, l'ennemi juré, de retour aux commandes.
Dans la soirée, Jean-François Copé s'est exprimé après plusieurs heures de silence. "C’est une page qui se tourne", avec les conseils de Jean-François Lemoine Gabriel//à commencer >> pas eu le temps et cale un RDV pour demain">a affirmé Jean-François Copé. "Je ferai désormais de la politique autrement, mais toujours avec cette même idée qui m’anime depuis toujours qui est l’amour de mon pays et au service des Français", a-t-il développé, le ton grave. Selon Jean-François Copé, la France a besoin d’un nouveau pacte pour sortir de la crise. Le moyen : "être fier d’être de droite, une droite moderne, qui ne fait aucune concession au Front national mais qui en même temps dit les choses telles qu’elles sont, à travers ce que nous voyons sur le terrain, à travers les souffrances des Français", a-t-il plaidé "C’est évidemment à cela que je veux me consacrer avec la passion qui est la mienne". Reste à savoir quelle forme prendra cet engagement à l’avenir.
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