François Hollande essaye-t-il de s'approprier l'affaire Cassez ? La question agite la sphère politique depuis l'annonce samedi de la visite de Michel Vauzelle au Mexique. Officiellement l'ancien ministre se rend là-bas en vue du G20 et aussi pour "réparer le climat" créé par l'affaire Cassez. Une initiative vivement condamnée par l'entourage de la prisonnière et par l'UMP.
"Je suis en colère", a déclaré la mère de Florence, Charlotte Cassez, pour qui, "le 21 mars, il y a eu une décision au Mexique extrêmement importante, qui a ouvert une brèche. La France n'a pas à s'en mêler." Bernard Cassez, son père, a estimé que sa fille ne devait pas faire "l'objet d'une campagne électorale".
"Une initiative totalement électoraliste"
Furieux de cette démarche, l'avocat de la Française, condamnée à 60 ans de prison au Mexique pour des enlèvements, a quant à lui dénoncé une "initiative totalement électoraliste". "François Hollande est en train de mettre au premier plan Florence Cassez dans la campagne" présidentielle, "dans le dos de Florence Cassez, de ses parents, de sa défense", a estimé l'avocat Me Berton.
"Pourquoi maintenant, quelle est l'urgence ?", s'est interrogé Me Berton, qui a accusé le candidat du PS de "sacrifier Florence Cassez en envoyant un émissaire dans une affaire qu'il ne connaît pas". De son côté, le président sortant Nicolas Sarkozy s'est fortement impliqué pour obtenir sa libération. "Je ne suis ni pro Sarkozy ni pro Hollande, je suis un avocat indépendant", a poursuivi Me Berton, qui a toutefois souligné que le chef de l'Etat a soutenu pendant cinq ans la jeune Nordiste.
"Florence Cassez mérite mieux"
L'UMP n'a pas tardé à s'engouffrer dans la brèche par l'intermédiaire de la porte-parole de Nicolas Sarkozy. Nathalie Kosciusko-Morizet a dénoncé un "pur opportunisme électoral" chez François Hollande, "prêt à toutes les indécences pour l'emporter". Pour la porte-parole, le candidat PS "ne démontre pas seulement son ignorance totale des dossiers internationaux, il prouve aussi sa capacité à fouler au pied le combat d'une famille et le respect de nos valeurs par pur opportunisme électoral."
Nicolas Sarkozy a quant à lui dit espérer que l'initiative "ne portera pas préjudice" à Florence Cassez "qui mérite mieux que d'être utilisée d'une façon aussi basse". "C'est une jeune femme qui a souffert, qui souffre, qui est en prison et je ne pensais pas que l'on pouvait en faire un élément d'une polémique de si bas niveau", a-t-il poursuivi.
"Un traitement trop spectaculaire" de l'affaire
Le premier intéressé, l'ancien garde des Sceaux, Michel Vauzelle, a déclaré qu'il y allait "pour des raisons diplomatiques" et non pas pour évoquer l'affaire Florence Cassez. "Je m'y rends uniquement pour des raisons diplomatiques et de politique internationale. Il ne s'agit en aucun cas de Florence Cassez", a-t-il affirmé alors qu'il s'apprêtait à prendre l'avion.
L'équipe de campagne de François Hollande a également assuré que le PS ne souhaitait "en aucun cas s'immiscer dans cette affaire". Le directeur de campagne de François Hollande a souligné au contraire la volonté du candidat socialiste d'instaurer avec le Mexique des relations fondées sur "le respect". Pierre Moscovici a également déploré "un traitement trop spectaculaire" du cas de Florence Cassez par Nicolas Sarkozy et son gouvernement qui a, selon lui, "empoisonné les relations" franco-mexicaines.
"Un faux procès"
La Première secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, a pour sa part estimé que les critiques étaient un "faux procès" fait au candidat PS. "A aucun moment, François Hollande n'a souhaité se mêler de cette affaire judiciaire. On a toujours soutenu le gouvernement et le président de la République dans leur tentative de régler la question" de la libération de Florence Cassez, condamnée à 60 ans de prison au Mexique pour des enlèvements, a-t-elle déclaré.
Peu après ces déclarations, l'avocat de Florence Cassez s'est réjoui de ce qu'il a qualifié de "rétropédalage" de l'équipe de François Hollande."Il semblerait qu'il y ait un rétropédalage de l'équipe Hollande. Dans ce cas, dont acte, tant mieux", a déclaré Me Berton.
Arrêtée en novembre 2005, accusée d'enlèvements, délinquance organisée et port d'armes prohibé, la Française de 37 ans a été condamnée par la justice mexicaine à 60 ans de prison.