Il a été reçu en tant que "simple témoin". Brice Hortefeux a été entendu lundi au pôle financier du tribunal de grande instance de Paris par un juge en charge de l’enquête sur une éventuelle subornation de témoin dans l'affaire Karachi. Il a été reçu durant deux heures et demi dans le bureau du juge Roger Le Loire, notamment pour être interrogé sur une conversation téléphonique qu’il avait eue avec son ami Thierry Gaubert.
Le député européen s’est dit, via un communiqué, "heureux d'avoir pu apporter des précisions à la justice".
Hélène de Yougoslavie "balance beaucoup"
L’entretien en question, qui faisait l'objet d'une écoute judiciaire, remonte au 14 septembre. A cette date, Brice Hortefeux aurait annoncé à son ami et ancien conseiller de Nicolas Sarkozy que son épouse, Hélène de Yougoslavie, "balan(çait) beaucoup". Elle avait été interrogée quelques jours plus tôt par Renaud van Ruymbeke, qui instruit avec son confrère Roger Le Loire le volet financier du dossier Karachi.
Le témoignage de cette dernière s'est avéré extrêmement compromettant pour Thierry Gaubert, dont elle est séparée, et pour d'autres protagonistes du dossier, comme l'intermédiaire franco-libanais Ziad Takieddine et l'ancien directeur de cabinet d'Edouard Balladur à Matignon, Nicolas Bazire.
Tous trois ont été mis en examen dans ce dossier financier par les juges qui cherchent à établir s'ils ont participé à un éventuel financement occulte de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur, via des rétrocommissions sur des contrats d'armement. Un lien est envisagé avec un attentat au Pakistan ayant tué 15 personnes en 2002, dont 11 Français travaillant à la fabrication des sous-marins.
Pour sa défense, l’ancien ministre a expliqué qu'un site Internet avait évoqué un témoin qui accablait son ami, ce qui l'avait incité à lui téléphoner.
Hortefeux avait déjà été entendu comme témoin
Brice Hortefeux avait déjà été entendu comme témoin, mais par la police. L'homme de confiance de Nicolas Sarkozy a nié à plusieurs reprises toute infraction, affirmant n'avoir disposé d'aucun élément provenant du dossier judiciaire. L'ancien ministre est soupçonné d'avoir eu frauduleusement connaissance d'une déposition du dossier sur une affaire de corruption présumée lors de la présidentielle de 1995.