La volte-face est spectaculaire. Jusqu'alors volontiers accusateur dans l’affaire de l’attentat de Karachi, alimentant ainsi les soupçons sur une éventuelle implication de son meilleur ennemi Nicolas Sarkozy, Dominique de Villepin s’est montré beaucoup plus prudent dimanche.
"Aucun lien"
L’ancien Premier ministre a ainsi refusé d’accréditer la thèse selon laquelle l’arrêt du versement de commissions à des intermédiaires dans le cadre d’une vente de sous-marins au Pakistan aurait entraîné l’attentat du 8 mai 2002 en représailles. "A ma connaissance, il n'y a aucun lien. Nous sommes dans un cas en 1995, nous sommes dans l'autre cas en 2002, ce n'est pas le même gouvernement pakistanais, ce ne sont pas les mêmes circonstances au Pakistan", a lancé Dominique de Villepin sur TV5Monde.
De la même manière, l’ancien ministre des Affaires étrangères a également fait montre de réserve sur l’existence de rétro-commissions au cours de la même transaction avec le Pakistan. Ce flux d’argent aurait servi au financement de la campagne d’Edouard Balladur, dont le porte-parole n’était autre que Nicolas Sarkozy.
Pas de "vengeance politique"
"Il n'y a pas de preuve formelle de rétro-commissions" vers la France dans ce dossier, a déclaré Dominique de Villepin, mais seulement des "soupçons". "Nous ne sommes pas rentrés dans la question du financement politique", a-t-il encore affirmé. Vendredi, il s’était pourtant montré plus offensif, faisant état de "très forts soupçons" de rétro-commissions, sans toutefois évoquer explicitement la campagne d'Edouard Balladur.
Il a cette fois clairement refusé de voir dans la décision de Jacques Chirac d’arrêter les commissions une "vengeance politique". Ce qui aurait induit que l’ex-chef d’Etat soupçonnait un financement occulte par ce biais. A son arrivée à l'Elysée, Jacques Chirac "n'est pas dans un esprit de règlement de comptes. Il ne l'a pas été durant son septennat et durant son quinquennat", selon son ancien collaborateur.
L'ancien Premier ministre n'a toutefois pas pu s'empêcher le plaisir d'une référence mordante - et limpide - à l'affaire Clearstream en se montrant faussement magnanime avec Nicolas Sarkozy. "Je comprends d’autant plus la colère du président de la République que j’ai vécu moi-même à l’aune de la rumeur, de la suspicion et de l’instrumentalisation de la machine judiciaire. Je suis d’autant plus sensible à cet aspect des choses."