Contexte. Oui, Bernard Tapie était bien présent à une réunion tenue en 2007 à l’Elysée. Mis en examen, Stéphane Richard, l’ancien directeur de cabinet de Christine Lagarde, l’a assuré aux enquêteurs, jeudi. L’ancien président de l'Olympique de Marseille ne le nie pas. "S'il l'a dit, c'est que c'est vrai", a-t-il glissé, soulignant qu'une telle rencontre "précédait de six mois la décision définitive d'arbitrage", qui lui a accordé 403 millions d'euros. Claude Guéant et François Perol secrétaire général adjoint de l'Elysée, étaient également présents à cette réunion et sont donc dans le collimateur de la justice, qui veut remonter toute la chaine de décisions. Donc jusqu'à Nicolas Sarkozy…
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"Scandaleux". Le sentiment qui domine chez l’ancien président, c’est celui d’un acharnement contre lui. Pas forcément dans l’affaire Tapie elle-même, dans laquelle il estime ne rien avoir à se reprocher. Non, c’est l’accumulation de soupçons, parfois repris et additionnés dans la bouche de ministres, qui l’agace. "Il tourne en boucle", a confié un de ses amis à Europe 1. Financement libyen de sa campagne de 2007, affaire Bettencourt, arbitrage Tapie, ce tryptique égrené publiquement, jeudi sur RTL, par la ministre de l’Innovation Fleur Pellerin est jugé "scandaleux", "hallucinant" par l’entourage de Nicolas Sarkozy. Ce serait la preuve que la mise en cause de l’arbitrage dans l’affaire du Crédit lyonnais serait avant tout à visée politique.
Sarkozy est "serein". Car dans ce dossier, l’ancien chef de l’Etat martèle qu’il n’est pas intervenu. "C’est une affaire Tapie, pas une affaire Sarkozy", balaye-t-il d’un revers de la main. S’il reconnaît, selon certains de ses proches, avoir validé le procédé de l’arbitrage pour solder une affaire vieille de 15 ans, il ne s’en serait jamais occupé directement. Ça, c’était la mission de Claude Guéant. Son secrétaire général lui avait alors expliqué que le conflit Tapie-Crédit Lyonnais avait déjà coûté 20 millions d'euros aux contribuables, et qu'il y avait cette possibilité d'en finir en passant par l'arbitrage. Nicolas Sarkozy s'en serait alors remis à la sagesse de son bras droit sans poser de questions. Aujourd’hui, il le regrette.
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Jeudi soir, l’entourage de Nicolas Sarkozy, que certains de ses amis décrivent comme "ulcéré" par les soupçons de complaisance à l’égard de Bernard Tapie, a fait savoir que l’ancien président est malgré tout "serein". Et qu’il fait toute confiance à la justice pour prouver sa bonne foi.