La classe politique a unanimement salué la mémoire des cinq soldats français, tués mercredi dans un attentat-suicide en Afghanistan. Après la minute de silence observée dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, François Fillon a adressé, au nom du gouvernement, "un message de solidarité et d’affection" aux familles des victimes.
"Leur sacrifice n'est pas vain", dit Copé
Mais le Premier ministre en a également profité pour insister sur l’utilité de la présence des troupes françaises en Afghanistan, alors que leur retrait est annoncé pour 2014. "Ce sont des combattants mais leur tâche est aussi de reconstruire, de sécuriser, de soigner", a-t-il affirmé. "Leur cause est juste car l'Afghanistan de 2012 n'est plus le sanctuaire du terrorisme international et n'est plus gouverné par le fanatisme", a-t-il poursuivi.
Même discours pour Jean-François Copé qui, tout en exprimant sa "profonde tristesse", a martelé, dans un communiqué mercredi : "leur sacrifice n’est pas vain". "Leur combat pour la sécurité de la France et des Français, au service des valeurs de la République et de la paix mérite toute notre reconnaissance", a-t-il ajouté. Le patron du parti présidentiel en a profité pour rendre un large hommage "à tous nos militaires et plus particulièrement à ceux qui sont engagés dans les opérations extérieures", à la veille du 14 juillet.
"Un retrait anticipé, ça accroîtrait le danger"
L'amiral Edouard Guillaud, le chef d'état-major des armées, a affirmé sur Europe 1 qu'"un départ anticipé (des forces armées, ndlr), ça voudrait dire que nous transfèrerions toutes les responsabilités à des forces de sécurité afghanes insuffisamment formées et qui risqueraient d’être submergées". Conséquence directe selon lui : "ça accroîtrait le danger pour la population afghane".
"Aujourd'hui, le président de la République a annoncé un certain montant de retrait pour l’essentiel. Parce que dans le district dont nous sommes chargés, dans l’un des deux la sécurité est telle que les forces nationales afghanes peuvent l'assurer sans difficultés", a précisé le chef d'état-major des armées.
Aubry pointe "l'urgence" du retrait
De son côté, la gauche saisit l’occasion pour demander le rapide retrait des troupes françaises d’Afghanistan. Après avoir exprimé sa "peine" et son "immense émotion", Martine Aubry estime, dans un communiqué que "cette nouvelle tragédie montre l'urgence d'un plan précis et concerté de retrait de nos troupes d'Afghanistan". "Il est temps de mettre fin à cette impasse", a-t-elle conclu.
Le Parti socialiste a souhaité, dans un communiqué d’Harlem Désir et de Jean-Christophe Cambadélis, le retrait "rapide" des troupes françaises d'Afghanistan, "sans attendre la fin de 2014". "En privilégiant longtemps une intervention militaire au détriment de l'aide à la reconstruction politique et économique de l'Afghanistan et en ignorant la société civile afghane, l'Otan et la France ont leur responsabilité dans le renforcement des talibans", est-il ajouté dans le communiqué.
"L'heure est au recueillement" pour Hollande
François Hollande, lui, a pondéré les propos socialistes, estimant que "l'heure est au recueillement", "au-delà de tous les clivages politiques". "L'heure aujourd'hui n'est pas à l'affirmation de ces positions, cela viendra le moment venu", a-t-il ajouté. Mais le candidat à la primaire PS en vue de 2012 a tout de même placé, dans une déclaration à l'AFP, qu'il "avait pris l'engagement que le retrait [des troupes françaises] devrait être accéléré et qu'il n'y aurait plus de soldats un an après l'alternance de 2012".
Le Pen : "maintenant il faut partir"
Marine Le Pen demande elle aussi "le retrait immédiat de toutes nos forces présentes en Afghanistan". "Maintenant il faut partir! Moins de 24 heures après le déplacement médiatique de Nicolas Sarkozy, cinq soldats français ont été tués dans une attaque suicide contre un convoi militaire", s'insurge-t-elle dans un communiqué.
Joly : "notre présence n'a plus de sens"
La candidate d'Europe écologie-Les Verts partage l'avis de ceux qui pensent qu'il faut se retirer rapidement d'Afghanistan. "Notre présence n'a plus de sens, il faut partir d'Afghanistan", a-t-elle lancé au micro d'Europe 1. L'ancienne juge d'instruction, désignée candidate écologiste après la primaire d'EELV charge au passage le président afghan, Hamid Karzaï. "Il n'y a pas de sens de vouloir construire une démocratie sur un régime qui est complètement corrompu".