Après les ouvriers, les agriculteurs. Moins d’une semaine après son déplacement à Florange, François Hollande se rend mercredi à Cournon d’Auvergne, dans le Puy-de-Dôme, pour inaugurer le Sommet de l’élevage. Au-delà d’un petit déplacement champêtre, cette visite revêt un vrai enjeu stratégique, celui de conquérir, au moins un peu, la classe paysanne, dont le cœur penche traditionnellement à droite.
Une visite soigneusement préparée. A l’Elysée, les réunions préparatoires se sont multipliées en vue de ce déplacement. La semaine passée, la Confédération paysanne, deuxième syndicat du secteur, était reçue au Palais. Et lundi, c’est la FNSEA, plus gros syndicat paysan, qui a été reçue par François Hollande. Initialement prévue pour durer 45 minutes, la réunion a finalement duré une heure et quart, preuve que les participants avaient des choses à se dire.
L’"effet Corrèze" profite à Hollande… Arrivés remontés à l’Elysée, les syndicalistes sont repartis avec l’idée que leur hôte avait bien gardé un pied en Corrèze, département rural s’il en est, et maîtrisant donc bien son sujet. Cet "effet Corrèze" fait office de bonus de départ pour François Hollande, qui doit tout de même s’attendre à un comité d’accueil musclé. Il y a deux semaines, à Rennes, Jean-Marc Ayrault s’était fait copieusement siffler lors du Salon international de l’élevage. Et la colère des paysans n’est pas retombée dans l’intervalle.
…Mais pas à Le Foll. Cette colère, c’est Stéphane Le Foll qui pourrait en faire les frais. D’ailleurs, selon un responsable syndical présent à l’Elysée, le ministre de l’Agriculture a fait de la figuration lors de cette réunion. Malgré une présence de longue date dans la Sarthe, ce proche de François Hollande souffre d’une image de "bobo de gauche" auprès des paysans, selon plusieurs responsables syndicaux. Et la tribune qu’il a signée fin août avec des ministres verts du gouvernement, pour appeler à l’accélération de la transition énergétique, n’a pas arrangé ses affaires. Avec toujours ce même commentaire de la part des agriculteurs : on n’a pas entendu les Verts pour faire du bio et du développement durable.
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Des annonces à attendre. Les paysans restent donc sur leurs gardes. François Hollande le sait, et il a donc prévu quelques annonces à même d’apaiser le climat. Le chef de l’Etat devrait ainsi détailler une redistribution des 63 milliards d’euros alloués à la France par Bruxelles au titre de la PAC, qui serait plus favorable aux éleveurs et aux petits exploitants. Par ailleurs, il devrait réciter un couplet sur la nécessite de défendre en Europe l’agriculture française.
Les municipales en tête. Malgré ses efforts, il sera difficile, sinon impossible, pour François Hollande de faire basculer un électorat traditionnellement ancré à droite. C’est pourtant un univers dans lequel le chef de l’Etat est plus à l’aise que son prédécesseur, Nicolas Sarkozy. Et à six mois des municipales, cette sortie qui s’adresse à la France rurale, toute la France rurale, pourrait rapporter quelques voix jamais superflues.