C’est une audience particulièrement attendue. Alexandre Benalla, ex-chargé de mission à l'Elysée, doit être entendu mercredi à partir de 8h30 par la commission d’enquête du Sénat. Celle-ci tente d'éclaircir le rôle de cet ancien garde du corps auprès du président de la République, après son implication dans des violences qui ont émaillé les manifestations du 1er mai dernier à Paris. Si l'intéressé a déjà fait savoir par voie de communiqué qu'il estimait que les sénateurs n'étaient pas légitimes pour l'interroger, dans les couloirs du Palais du Luxembourg, on se prépare à cette audition dans un calme très sénatorial.
Séparer justice et législatif. L'audition d'Alexandre Benalla sera une audition comme une autre, minimise ainsi un membre de la commission d'enquête, qui rappelle que les sénateurs ont déjà entendu 22 personnes. "Le dossier, on le connait", dit-il. "Ne comptez pas sur nous pour faire le spectacle. Nous ne sommes pas à l'Assemblée nationale", s'amuse un autre. Voiture de fonction, port d'arme, rôle à l'Elysée… Les élus devront focaliser leurs questions sur les attributions d'Alexandre Benalla au sein du dispositif présidentiel, et non sur les violences du 1er mai en elles-mêmes, qui font déjà l'objet d'une procédure judiciaire. Il en va de la séparation des pouvoirs.
"Il y a eu visiblement des dysfonctionnements". Marc-Philippe Daubresse, sénateur du Nord, explique néanmoins avoir pu préparer ses questions en toute liberté, sans pression. "On ne nous a pas briefé, on ne nous a pas réuni, on nous fait confiance", assure-t-il. "On ne va pas interférer sur la procédure judiciaire de monsieur Benalla, ça ne nous est d'ailleurs pas permis", rappelle-t-il. "Il y a eu visiblement des dysfonctionnements. Il faut que la commission d'enquête les constate, les diagnostique et fasse des propositions. C'est dans ce cadre-là que nous sommes".
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Un risque de dérapage ? Mais une inconnue demeure encore : quelle sera l'attitude d'Alexandre Benalla, qui s'est montré très réticent à devoir paraître devant les sénateurs ? Répondra-t-il aux questions ? Invoquera-t-il le secret professionnel ? "On est prêt pour toutes ces possibilités", assure un élu qui ajoute : "s'il dérape pendant l'audition, ce sera son problème, pas le nôtre."