"Pour MAM, c'est fait. Le président a arrêté sa décision, elle s'en va", a assuré samedi un ténor de la majorité. Un ministre, cité par l'AFP, croit même savoir que Michèle Alliot-Marie présentera sa démission dimanche matin à son retour du Koweït.
Le timing d'une démission dimanche concorde d'ailleurs avec les annonces de l'Elysée samedi : Nicolas Sarkozy s'adressera aux Français dimanche à 20 heures "sur la situation internationale". Et, d’après les informations du service politique d’Europe 1, le remaniement dont Michèle Alliot-Marie serait la principale victime devrait intervenir avant cette allocution, peut-être dès la mi-journée.
L'embarras au sein du gouvernement est tel qu'Yves Jégo, vice-président du Parti radical et ancien secrétaire d'Etat à l'Outre-mer, a estimé dimanche que le départ de MAM ne suffit pas, "il faut aussi changer de Premier ministre". "Ce remaniement ne peut avoir d'effet politique s'il n'y a pas de changement de Premier ministre. Les Français considéreront alors que rien n'a changé", juge-t-il dans un entretien accordé au quotidien Le Parisien.
Une démission ? "Ridicule" selon l'entourage de MAM
Une démission dimanche matin ? "Cette information ne repose sur rien, c'est totalement ridicule", a déclaré un conseiller de la ministre. Malgré le démenti de la ministre, Nicolas Sarkozy devrait pourtant bel et bien rencontrer MAM dimanche à son retour du Koweit.
Loin de Paris, au Koweït, la ministre vit donc ses probables dernières heures à la tête du Quai d’Orsay. Pourtant, méthode Coué ou non, tout au long de son déplacement là-bas, la ministre a donné le change aux journalistes qui l'accompagnaient. "Paris, c’est Paris et les rumeurs sont les rumeurs", confiait-elle encore samedi après-midi à Aurélie Hérbemont, la journaliste d’Europe 1 qui couvrait ce déplacement. "Quand ça ne dépend pas de vous, vous êtes serein", a-t-elle aussi confié.
"Depuis dix ans tous les six mois, des journalistes prédisent mon départ", avait déjà relativisé la ministre dans l’avion qui la menait au Koweït vendredi. "Quand on est ministre, il faut se projeter dans l’action à cinq ou dix ans tout en étant conscient que cela peut s’arrêter du jour au lendemain", avait aussi confié MAM.
Le principe de son départ acté
En déplacement en Turquie vendredi, sans Michèle Alliot-Marie - un signe ? -, Nicolas Sarkozy aurait pris sa décision dans la soirée de vendredi à samedi.
On sait que Nicolas Sarkozy a reçu jeudi sa ministre des Affaires étrangères. Mais rien n’a filtré de leur entrevue. Selon les informations du Parisien toutefois, Michèle Alliot-Marie aurait refusé de démissionner lors de cet entretien. "Tout ce que j’ai fait est légal", aurait répliqué la ministre des Affaires étrangères critiquée pour ses vacances en Tunisie.
Les rumeurs Juppé et Villepin
Qui pour remplacer MAM ? Dominique de Villepin aurait décliné l’offre de Nicolas Sarkozy croit savoir 20 minutes.fr. Alain Juppé, actuel ministre de la Défense est pressenti. Dans ce jeu de chaises musicales, deux personnes pourrait lui succéder au ministère de la Défense : le chef du groupe UMP au Sénat, Gérard Longuet, ou Brice Hortefeux, qui serait alors remplacé au ministère de l'Intérieur par Claude Guéant.
L’éviction de Michèle Alliot-Marie pourrait faire une victime collatérale : son compagnon Patrick Ollier, ministre des Relations avec le Parlement. "Si elle part, je pars", a confié POM au JDD comme un aveu. "C'est sûrement une boutade, mais en tout cas une belle preuve d'amour", a réagi MAM depuis le Koweït.
Toujours en quête d'une nouvelle séquence politique
Le but du chef de l'Etat ? Tenter de mettre fin au plus vite à cette polémique qui empoisonne la majorité présidentielle à quelques semaines des élections cantonales. Dans la majorité, beaucoup ne cachent plus leur impatience. "La séquence de la présidence française du G20 est importante et en tant que ministre des Affaires étrangères, elle sera très en vue, au côté du chef de l'Etat. Or, à son poste, l'action ne permet pas d'effacer l'image", a expliqué un des ministres du gouvernement.
"Je pense qu’il faut qu’elle quitte le gouvernement", avait déjà pointé vendredi soir sur Europe 1 le député UMP Bernard Debré concluant, lapidaire : "manifestement, il y a un problème et (...) cela peut se régler que par son départ."