Alliot-Marie soutenue, mais…

Michèle Alliot-Marie payera-t-il un jour son voyage tunisien en quittant le gouvernement ?
Michèle Alliot-Marie payera-t-il un jour son voyage tunisien en quittant le gouvernement ? © REUTERS
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avec Aurélie Herbemont , modifié à
Malgré sa polémique tunisienne, la ministre a le soutien de l’exécutif. Cela pourrait ne pas durer.

La polémique concernant Michèle Alliot-Marie continue. Les socialistes réclament toujours sa démission pour avoir manqué de discernement en se rendant en Tunisie alors que la révolte populaire était réprimée par le pouvoir de Ben Ali, mais aussi et surtout pour avoir accepté de voyager dans l'avion d’un de ses amis tunisiens, soupçonné d'avoir été proche du clan du président déchu. La ministre des Affaires étrangères a toujours le soutien de l’Elysée, malgré ce possible conflit d'intérêts. Mais depuis 2007, tout ministre mis en cause a fini, à plus ou moins long terme, par quitter le gouvernement

Car la République irréprochable, c’était une promesse de campagne de Nicolas Sarkozy. Puis les cigares de Christian Blanc et le voyage dispendieux en avion d’Alain Joyandet sont passés par là. Les deux secrétaires d’Etat ont fini par démissionner cet été. Nicolas Sarkozy avait dit qu’il tirerait lui-même les conséquences des manquements de ses ministres. Et lors du dernier remaniement, tous ceux qui ont été soupçonnés de conflit d’intérêts ont été congédiés : Eric Woerth après l’affaire Bettencourt, Christian Estrosi ou encore Fadela Amara, épinglée pour des histoires d’appartement.

"Le sentiment qu’elle s’embourbe"

Alors ce voyage de Michèle Alliot-Marie dans le jet privé d’un homme d’affaires tunisien, auquel le sommet de l’Etat ne trouve pour le moment rien à redire, risque d’avoir un impact redoutable dans l’opinion. "Ce qui est délicat, c’est que jusqu’à présent, la force de Michèle Alliot-Marie, c’était une propension à ne jamais commettre d’erreurs ou de bourdes. Et là, on a le sentiment qu’elle s’embourbe", estime Gaël Slimane, de l’institut BVA. "Comme par ailleurs on a plutôt des précédents de ministres qui démissionnent quand ils sont confrontés à des polémiques lourdes, on est dans une situation qui est assez tendue. La chute qu’elle enregistre dans les sondages devient problématique pour elle, et pour Nicolas Sarkozy lui-même."

La question de l’exemplarité des politiques est donc à nouveau posée. Après le rapport sur les conflits d’intérêts qui lui a été remis il y a quinze jours, Nicolas Sarkozy a promis une loi dès cette année. D’ici là, Michèle Alliot-Marie sera-t-elle encore au gouvernement ?