L'unité nationale semble bel et bien terminée. Nicolas Sarkozy s'est dit "consterné" par la formule de Manuel Valls, qui a parlé mardi d'"un apartheid territorial, social, ethnique, qui s'est imposé à notre pays". "Comparer la République française à l'apartheid, c'est une faute", a lancé le président de l'UMP, mercredi sur France 2.
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"Je ne sais pas ce qu'il voulait signifier, c'est à lui qu'il faudrait demander de s'expliquer", a ajouté Nicolas Sarkozy. "Nous avons fait un effort considérable d'investissement dans les banlieues, pour permettre une vie meilleure aux habitants de ces quartiers. Imaginez ce que peut penser aujourd'hui un habitant de la ruralité qui se sent si souvent abandonné, qui ne brûle pas d'abribus, qui ne casse pas les voitures, qui voit que le Premier ministre (...) compare la République française à l'apartheid ? Consternation".
"Je crains que la menace continue pendant longtemps". Pour l'ancien chef de l'Etat, "un certain nombre de terroristes djihadistes ont décidé de mener une guerre contre notre civilisation, notre mode de vie, notre façon de nous habiller, notre façon de penser et notre façon de dire. C'est d'une gravité extrême et je crains que la menace continue pendant longtemps". Soulignant que la menace était "permanente" et "au plus haut niveau", Nicolas Sarkozy a enfoncé le clou : "c'est une guerre, c'est notre civilisation qui est en cause".
Rétablir les heures supplémentaires dans la police. Réagissant au plan de lutte contre le terrorisme annoncé mercredi par Manuel Valls, Nicolas Sarkozy a fait ses propres propositions. "Nous avons des services de renseignement de grande qualité. Vous pouvez renforcer notre dispositif sans perdre de temps en décidant immédiatement de rétablir les heures supplémentaires dans la police, dans les services de renseignement", a-t-il suggéré. A ses yeux, la création de 1.400 postes supplémentaires au ministère de l'Intérieur, annoncée par le gouvernement, prendra trop de temps. "Ces renforts en personnel, si mon raisonnement est juste, arriveront pour les premiers dans deux ans, et pour les derniers dans cinq ans", a souligné Nicolas Sarkozy, en se défendant toutefois de "faire de la polémique".
Nicolas Sarkozy n'a-t-il pas réduit les effectifs de la police durant son quinquennat ? "C'est faux", a-t-il assuré. "Tous les syndicats sont d'accord", a-t-il dit alors qu'il a rencontré les syndicats de police mercredi. Le président de l'UMP s'est aussi montré favorable à la déchéance de nationalité pour les djihadistes binationaux et à la création de "centres de déradicalisation" en prison.
La question de l'islam "est clairement posée". "Les musulmans de France ne supportent pas l'idée de l'amalgame, ils ont été horrifiés de ce qui s'est passé", a également assuré Nicolas Sarkozy. Pour autant, "la question de l'islam et de la laïcité, elle est clairement posée", selon lui. "Cela fait maintenant 15 ans que la question posée est : qu'est-ce que la République est prête à faire pour l'islam ? Je pense qu'aujourd'hui, la seule question qui se pose, c'est : qu'est-ce que l'islam est prêt à faire pour s'intégrer dans la République ? Nous voulons un islam de France, et non pas un islam en France", a martelé le président de l'UMP.
Nicolas Sarkozy a approuvé l'union nationale qui a suivi les attentats... mais en a parlé au passé ! "Le climat d'union nationale, il était incontournable et indispensable", a-t-il affirmé. Mais "l'unité nationale, ça ne veut pas dire qu'on ne doit pas faire de propositions, qu'il n'y a pas un choix".
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