"La gauche a quelques totems". Ses déclarations au Journal du Dimancheont eu l'effet d'une petite bombe. Les propos d'Emmanuel Macron, qui se dit favorable à une réforme de l'assurance chômage ont été abondamment commentés par plusieurs responsables socialistes réunis en Conseil national, dimanche. Le patron du PS Jean-Christophe Cambadélis a recadré sèchement le ministre de l'Economie en lui rappelant que François Hollande avait tranché la question d'une réforme de l'assurance-chômage. "La gauche n'a pas de tabous mais elle a quelques totems, en particulier le fait que quand le président de la République s'exprime, les ministres appliquent ", a déclaré le député à son arrivée au conseil national du PS. Est-ce une fin de non recevoir à ce chantier ? "Absolument", a tranché Jean-Christophe Cambadélis.
"On ne peut pas en rester là", dit Macron. Le patron de Solférino répliquait ainsi à Emmanuel Macron qui, dans le JDD, a jugé qu'il ne devait "pas y avoir de tabou ni de posture" sur l'assurance-chômage, en plein débat à gauche sur l'opportunité de débattre du montant et de la durée des allocations. "L'assurance-chômage est en déficit de 4 milliards d'euros", argumente le ministre. "Quel responsable politique peut s'en satisfaire ? Il y a eu une réforme, elle est insuffisante. On ne pourra pas en rester là. C'est aux partenaires sociaux qu'il appartient de faire avancer les choses".
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Des députés de l'aile gauche du PS ont également fait part de leur mécontentement après cette sortie du ministre de l'Economie, comme l'a rapporté Aurélie Herbemont, journaliste politique d'Europe 1 :
Cherki : "Si le plus important pour certains ministres, c'est l'exhibitionnisme libéral, qu'ils aillent chez les nudistes de l'UMP" #macron— Aurélie Herbemont (@aurelherbemont) 12 Octobre 2014
Rihan Cypel : "faut pas chercher à angoisser les électeurs de gauche. On doit lutter contre le chômage, pas contre les chômeurs" #macron— Aurélie Herbemont (@aurelherbemont) 12 Octobre 2014
Une nouvelle provocation. "C'est une nouvelle provocation, ou une nouvelle boulette ou un nouveau couac. Et c'est regrettable", a tancé Emmanuel Maurel, de "Maintenant la gauche", l'une des deux sensibilités de l'aile gauche socialiste. "Il y a mieux à faire que de pointer du doigt la responsabilité individuelle des chômeurs", a taclé le frondeur Laurent Baumel.
Une dissonance entre Valls et Hollande. Cette sortie d'Emmanuel Macron intervient trois jours après que François Hollande eut assuré à Milan, à propos d'une réforme de l'assurance chômage, qu'il y avait "suffisamment de sujets pour que nous soyons bien occupés et que nous montrions que nous faisons des réformes utiles à l'emploi". La déclaration du chef de l'Etat avait été interprétée comme un recadrage de propos rapportés par Manuel Valls. A Londres, le Premier ministre aurait déclaré que la question du montant et de la durée de l'indemnisation chômage en France devait "être reposée". Mais dimanche, l'Elysée n'a pas pipé mot en lisant le JDD. Un proche de François Hollande estime ainsi que "Macron dit que c’est aux partenaires sociaux de faire avancer les choses et que le sujet reviendra en temps voulu. Le président n’a pas dit autre chose".
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