Aubry-Guéant, une bataille d’image

Aubry à Marseille. Face à Guéant, la candidate PS espère avoir donné un coup d'accélérateur à sa campagne.
Aubry à Marseille. Face à Guéant, la candidate PS espère avoir donné un coup d'accélérateur à sa campagne. © MAXPPP
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Hélène Favier , modifié à
Lundi, à Marseille, la candidate PS a tenté de torpiller l’effet d’annonce escompté par le ministre.

Lundi à Marseille, Claude Guéant et Martine Aubry se sont affrontés à distance sur le terrain de la sécurité. Retour, avec Europe1.fr, sur la journée marseillaise des deux politiques.

LE SCENARIO

Une visite solennelle. Claude Guéant était déjà venu en mai. Mais lundi, pour montrer qu’il prend à bras le corps les questions de sécurité, le ministre de l’Intérieur s’est une nouvelle fois déplacé à Marseille. Entouré d'élus locaux, Clause Guéant a visité, en une vingtaine de minutes, le quartier de la Porte d'Aix, où une affaire de parking abandonné à un petit groupe rançonnant les automobilistes avait suscité la colère de l'Elysée.

Une visite surprise. A 41 jours de la primaire PS, et au lendemain de l'université d'été de La Rochelle, Martine Aubry, dont la visite a été soigneusement tenue secrète, est arrivée en même temps que le ministre de l'Intérieur à Marseille, pour y dénoncer la politique du gouvernement. Elle a donné une conférence de presse à la mairie des XV-XVIes arrondissements de la cité phocéenne, dans un quartier populaire. D’emblée, elle a annoncé la couleur : sa visite avait pour but de "défier le ministre".

LES ANNONCES

Un homme providentiel. Le ministre de l’Intérieur est venu installer à Marseille un nouveau préfet à la sécurité, le 3e en deux ans, à qui il a confié la difficile mission d'"innover". Alain Gardère - jusqu'ici directeur adjoint de son cabinet - devra "innover sur le plan stratégique et méthodologique à Marseille, pour qu'une situation maîtrisée de la sécurité règne dans cette ville enfin", a martelé Claude Guéant.

Des chiffres, des chiffres et des chiffres. "On ne règle pas les problèmes de sécurité en faisant valser les préfets. On enlève d'ailleurs de la crédibilité à la haute fonction publique, et cela je ne peux pas le permettre", a commenté Martine Aubry. Selon elle, "il va falloir tout reprendre à zéro en 2012": "la droite a baissé les bras à Marseille comme ailleurs", a-t-elle insisté avant de citer les chiffres de la délinquance dans le département. Selon les dernières statistiques, au premier semestre 2011, les cambriolages ont augmenté de 14% dans les Bouches-de-Rhône par rapport à la même période de l'an dernier et les vols à main armée de 18%. Ces derniers ont progressé de 40% à Marseille.

 

LA SURENCHERE

 

Plus de CRS. Le ministre de l'Intérieur a annoncé lundi à Marseille l'arrivée de deux compagnies de CRS, en plus d'une centaine de policiers attendus d'ici fin septembre et promis au printemps dernier.

Plus de policiers. La candidate PS a proposé, elle, de "rétablir les 10.700 policiers et gendarmes perdus" en France depuis 2007 et de réorganiser les forces de l'ordre en fixant des priorités, notamment "des zones de sécurité". A Marseille "en novembre 2010 et en mai 2011, alors que dans les deux cas un adolescent avait été tué, il y a eu des promesses (...) Que va-t-on encore annoncer aujourd'hui, qui ne sera pas suivi d'effet ?", a-t-elle demandé.

LES PETITES PHRASES

Le meilleur ministre. "Martine Aubry s’est illustrée, en France, en introduisant les 35 heures. Or, il faut savoir que les 35 heures dans la police ont été l’équivalent de 8.000 suppressions d’emplois", a fustigé le ministre, visiblement agacé d'être défié sur son terrain.

La meilleure présidente. "Je suis venue aujourd'hui à Marseille pour dire de manière forte que je serai la présidente de la sécurité de tous les Français", a synthétisé Martine Aubry, reprenant une rhétorique chère à Ségolène Royale, la présidente des solutions. 

OPERATION DE COM' ?

"Aubry veut se relancer dans la course". Dans le camp du ministre, on estime que la venue de Martine Aubry est une "opération de communication" destinée à la "relancer dans la course à la primaire socialiste face à François Hollande". "Au lieu de défier le ministre de l'Intérieur, les socialistes pourraient prendre conscience du vrai défi républicain qu'est l'application de la loi pour tous et partout", a insisté, dans la journée, Bruno Beschizza, secrétaire national de l'UMP.

"Le fiasco de Sarkozy". Pour l’ex-Première secrétaire du Parti socialiste, l’opération de com’ se situe plutôt du côté du ministre. "La politique de sécurité de Nicolas Sarkozy a été un fiasco (...) Le temps de l'agitation et de la communication, c'est terminé", a-t-elle asséné.