Des vieilles rumeurs exhumées dans un billet de blog, des attaques personnelles qui fusent sur Twitter, des appels à la mobilisation qui circulent sur Facebook. A quelques jours du coup sifflet final de la primaire, le ton monte sur le web entre les supporters des deux finalistes socialistes.
Pour poser le décor, il faut rappeler que chaque camp dispose de son équipe web propre, suivie par des militants très actifs sur internet. En général, tous se connaissent très bien et communiquent régulièrement ensemble. Ce sont ces derniers, ces militants ultra-présents sur la toile qui s'écharpent aujourd'hui.
Ce que le camp Aubry en dit
Dans le camp Aubry d’abord, on regrette la publication, par une internaute disant soutenir François Hollande, d’un billet de blog se demandant si "Martine Aubry, a soutenu une association liée au Hamas ?" et faisant écho à des rumeurs qu’avait fustigées la maire de Lille cet été. En juillet dernier, dans le Journal du dimanche, la candidate à la primaire socialiste balayait en effet ces "conneries" et menaçait leurs auteurs de poursuites judiciaires.
Des attaques plus directes encore sont pointées du doigt par un responsable web de l'équipe d'Aubry, comme cette dernière : "Tu découvres @carolinedehaas (soutien de Martine Aubry) ?, entité inutile dont le seul objet est sa propre promotion", écrit sur Twitter, Frédéric Giudicelli, militant pro-Hollande.
Un autre sympathisant hollandiste, Vincy Thomas, ironise : "Le pacte de marrakech c’est toi tu prends la Porsche, moi je prends le jet privé", raconte-t-il, faisant allusion à un récent déplacement en avion de Martine Aubry.
"On a vu naître beaucoup d’attaques personnelles. Et il est dommage de lire, sous la plume de socialistes des rumeurs colportées cet été par la droite", regrette Emile Josselin, responsable web du camp Aubry, joint lundi par Europe1.fr. "Nous, lorsque l’on voit des dérapages, on essaie toujours d’envoyer des messages pour faire redescendre le ton", assure-t-il.
Ce que le camp Hollande en pense
Du côté de François Hollande, "on note aussi que les esprits se sont échauffés". Mais ce "billet sur le Hamas, cela ne vient vraiment pas de nous. Selon nos informations, cela vient même de la droite extrême", insiste, sur Europe1.fr, Ariane Vincent, une des responsables de la campagne web de François Hollande.
"La primaire s’est très bien passée. Mais il y a toujours des militants que l’on ne refait pas", concède-elle, avant d’ajouter : "On sent bien que les deux équipes de campagne s'échauffent et cela est forcément amplifié sur les réseaux sociaux, notamment sur Twitter qui est plus ‘un réseau social de gauche’ (sic)". "Après, dire 'calmez-vous' à certains, c’est comme dire 'arrête d’avoir peur' à quelqu’un qui a peur, ça ne fonctionne pas. On ne le fait pas. On préfère avancer", ajoute-t-elle, reconnaissant que "certains ont perdu leur calme".
En somme, "il y a eu deux étapes. La première - du début de la campagne jusqu’à lundi soir - a été une phase respectueuse, très soft. Le mot d’ordre était : on ne répond pas aux attaques. Mais, mardi a été une journée de durcissement des discours et cela se reflète sur Twitter", renchérit Vincent Feltesse, animateur de la campagne numerique de Francois Hollande.
"Il faut bien voir que nous avons été la cible de pas mal d’attaques de notre côté, notamment sur 'la gauche molle' et via des piques un peu déplacées", ajoute-t-il.
Sur Facebook, mardi matin, circulait cette lettre (voir ci-dessous) de ce même Vincent Feltesse, destinée aux e-militants de François Hollande : "Chers amis, nous sommes vertement accusés d’être de la gauche molle. Nous ne pouvons laisser dire. Aussi nous vous proposons de relayer les liens suivants". Parmi les éléments langages alors suggérés celui-ci : ayez "un regard amusé quand on qualifie un million d'électeur de gauche molle et qu'on prend un jet privé pour 250km afin d’éviter un mouvement social".
En écrivant ceci aux militants pro-Hollande, Vincent Feltesse ne jette-t-il pas de l'huile sur le feu ? "Le ton est monté des deux côtés depuis mardi", répond-il laconiquement.
Aucun camp n’a intérêt à aller trop loin
Pourquoi cette montée en pression ? "Le résultat du premier tour, n’est pas celui escompté par le camp Hollande, il est en dessous de leurs aspirations. De là, sont nées des tensions et ces crispations", analyse Arnaud Mercier, spécialiste de la communication politique sur le web.
"En tout cas, aucun camp n’a intérêt à aller trop loin", explique-t-il avant d’ajouter : "Au final, cela revient à fournir, clé en main ses arguments aux adversaires du candidat qui sera désigné dimanche soir". Mais, "avec le débat, vous allez voir la pression va retomber d'elle-même", espère encore Ariane Vincent.