Ils ont certes, tous deux, voté le programme du Parti socialiste, mais il existe toujours entre Martine Aubry et François Hollande d'importantes divergences. Nucléaire, éducation, emploi : Europe1.fr a listé ces différences à la veille du second tour de la primaire socialiste, dimanche. En voici une liste, non exhaustive :
EMPLOI
Le "contrat de génération" de Hollande - Dans son programme pour la primaire socialiste, François Hollande avance une idée inédite : tout employeur qui s’engagerait à garder un senior jusqu'à sa retraite et embaucherait dans le même temps un jeune de moins de 25 ans pour acquérir son savoir-faire serait dispensé pendant trois ans de cotisation sociale sur les deux emplois. L’élu de Corrèze table sur 200.000 contrats de génération. Et "ça coûte très cher, François Hollande lui même l'avait d'abord annoncé à 12 milliards d’euros et maintenant à 8", a pointé du doigt Martine Aubry, durant la campagne. Pour elle, un tel contrat "ne marche pas" et aura surtout pour conséquence de générer des "effets d’aubaine".
Les "300.000 emplois d’avenir" d’Aubry - Martine Aubry entend rééditer son expérience de fin 1990 et propose la création de 300.000 "emplois d’avenir" - dont la moitié en 2012 - axés sur la croissance verte et destinés aux jeunes de moins de 25 ans. Ils seront "exclusivement créés dans le secteur non marchand : association, collectivités locales, Etat. La maire de Lille estime que 13.333 euros seraient versés par an, pour chacun de ces emplois aidés. La mesure coûterait au total quatre milliards d’euros à l’Etat. Cette disposition fait partie du programme du PS.
EDUCATION
La "refonte de l’école" d’Aubry - La maire de Lille défend un "pacte éducatif" en cinq ans. "Il ne suffit pas de rajouter des enseignants. Il faut changer les pédagogies, les rythmes scolaires", estime-t-elle. Elle entend mener ainsi une grande réforme pour "refonder l’Ecole" et "remettre des postes là où il y a besoin", après négociation.
Les "60.000 postes de profs" de Hollande - A la surprise générale, François Hollande, qui avait fait de la lutte contre les déficits l'un de ses chevaux de bataille, a annoncé, début septembre dans l’Aisne, qu'il recréerait, s’il était élu, en cinq ans, les "60.000 à 70.000" postes supprimés par la droite depuis 2007 dans l'Education nationale. Mais "François Hollande reste très attaché à la maîtrise des dépenses publiques. Il n'y aura pas d'augmentation globale des effectifs de la Fonction publique. Les créations de postes dans l'Education nationale seront compensées par des suppressions de postes dans d'autres ministères", a immédiatement assuré son entourage promettant que la mesure ne coûterait pas plus d’un milliard d'euros.
NUCLEAIRE
Les "20 ou 30 ans" d’Aubry - L’ex-Première secrétaire du PS s’est engagée à sortir du nucléaire "dans une perspective raisonnable, soit d’ici 20 ou 30 ans".
"L’horizon 2040 - 2060" de Hollande - François Hollande refuse de s’engager sur un retrait du nucléaire à "l’horizon 2040, 2050 ou 2060". Les deux favoris sont favorables à une diminution de 75 à 50 % de la part du nucléaire dans le production d’électricité d’ici à 2025.
SECURITE
Les 10.000 policiers supplémentaires d’Aubry - Au mois d’août, Martine Aubry a promis qu'elle rétablirait les 10.000 emplois de policiers et gendarmes supprimés ces dernières années si elle était élue à l'Elysée. Une mesure qui "coûte 300 millions d'euros", a-t-elle promis lors du troisième débat de la primaire PS.
L’arrêt des suppressions de postes de Hollande - L’élu de Corrèze a simplement annoncé l’arrêt des suppressions de postes. "Quand Nicolas Sarkozy était ministre de l'Intérieur pendant 5 ans, il avait créé 10.000 postes de gendarmes et de policiers et depuis qu'il est président de la République, il a supprimé 10.000 postes de gendarmes et de policiers, il faut arrêter ces suppressions", a-t-il martelé, début octobre. "La question de la sécurité sera traitée au delà des proclamations, des législations mais sera traitée dans la durée, la cohérence, la vérité par rapport aux chiffres qui seront publiés", a-t-il ajouté. "Il faut revenir vers la RGPP (révision général des politiques publiques, ndlr), faire en sorte qu'il puisse y avoir des recrutements mais dans un temps qui est celui du quinquennat", a-t-il insisté, sans donner plus de précisions.
CULTURE
L’augmentation du budget de la culture d’Aubry - L’ex-Première secrétaire du Parti socialiste a fait la proposition d'augmenter de 30 à 50% le budget du ministère de la culture, sur 5 ans. Elle souhaite abroger la loi Hadopi et la remplacer par une contribution forfaitaire des internautes et un prélèvement qu’acquitteront opérateurs et fournisseurs d’accès.
L’autre législation d’Hollande vs. Hadopi - François Hollande ne s'est pas engagé à augmenter le budget de la culture. Il souhaite "supprimer" la loi Hadopi, mais aimerait la remplacer par "une autre législation" après "concertation" avec créateurs et auteurs, pour trouver "le meilleur système".