Règle d’or, éducation, vision de la gauche : François Hollande et Martine Aubry se sont montrés pugnaces lors de leur ultime débat, mercredi soir, sur France 2. Voici ce qu’il ne fallait manquer de ce moment décisif de la primaire.
L'AMBIANCE
Débat cordial, mais musclé - Le débat était, mercredi soir, sur France 2, courtois, mais ferme. Pour preuve cet échange : alors que François Hollande lâchait "puis-je être plus clair ?", Martine Aubry répondait : "Oui, je trouve". "On a toujours eu avec François des relations amicales et franches et on le verra ce soir", a expliqué, en début d’émission Martine Aubry, veste gcrise, mine sérieuse. "Je connais Martine depuis longtemps, nous avons toujours veillé à avoir du respect", a répliqué François Hollande, les traits tirés.
Achoppement sur leur degré respectif de "gauchitude" - "Gauche forte" d'un côté, "gauche solide" de l'autre. Martine Aubry et François Hollande ont disserté longuement sur leur vision de la gauche. "Je n'ai pas envie d'une gauche dure", a indiqué François Hollande reprenant une expression de Martine Aubry. "On sort de cinq ans d'une présidence brutale. Nous serions, nous, une candidature sectaire ? Je ne le veux pas. Je pense que le pays a besoin d'être apaisé", a-t-il ajouté. "J'ai dit que face à la droite dure, face à une crise qui dure, il faut une gauche forte, c'est-à-dire mettre les banques au pas, mener la transition écologique et la sortie du nucléaire", avait précisé auparavant la maire de Lille. Quant à "la gauche molle" ? Aubry a promis qu’elle ne visait personne par cette expression. Hollande s’en est dit heureux, il y aurait pu avoir "méprise".
LE DEBAT D'IDEES
Fin de non recevoir sur la règle d’or - Les deux candidats se sont tout deux opposés à la "règle" d'or d'équilibre budgétaire proposée par Nicolas Sarkozy. Pour autant, l’élu de Corrèze a dit souhaité une "loi de programmation" sur la réduction des déficits après la présidentielle. "Sur la règle d'or, (...) tu as quand même au départ dit (...) qu'il fallait prendre cette règle d'or", lui a reproché Martine Aubry. "Non jamais, jamais, tu ne trouveras jamais aucun écrit de ma part sur la règle d'or !", a répliqué François Hollande, avant d’ajouter : "Ca n'est pas pareil, la règle d'or c'est pas du tout la loi de finances. C'est pas la règle d'or, c'est la réduction des déficits".
Un point commun, la Turquie - Les deux socialistes ont assuré qu'il fallait garder la porte ouverte à l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne, alors que Nicolas Sarkozy rejette l'entrée de ce grand pays musulman dans l'Europe des Vingt-Sept. La maire de Lille a estimé que la négociation ouverte en 2005 serait encore très longue, François Hollande a abondé dans le même sens. "Il faut dire la vérité à la Turquie", a-t-il dit en soulignant que, si adhésion il y a, elle aurait lieu dans très longtemps.
Sur l'unité de la maison socialiste - A la fin du débat, Martine Aubry a attaqué son prédécesseur sur son bilan à la tête du PS : "François parle beaucoup de rassemblement : j'ai trouvé un Parti socialiste qui n'était pas rassemblé", a-t-elle fustigé. Et François Hollande de lancer : "Je ne suis pas le protagoniste d'un congrès qui s'est terminé comme on le sait", en allusion au délètere congrès de Reims en 2008.
LES REACTIONS
Aubry a attaqué, Hollande rééquilibré - La maire de Lille a réalisé une très bonne émission. Elle a réussi à mettre en exergue les contradictions de son challenger. Mais François Hollande a su habillement rééquilibré la situation en piquant au vif Martine Aubry sur le congrès de Reims. En tout cas, les protagonistes "ont montré de vraies qualités d'argumentation, de débats, d'exposition de leurs propositions. Cela m'a moins surpris de la part de François Hollande que de Martine Aubry", assure Bruno Jeanbart. De ce fait, l'une et l'autre sont apparus comme "des candidats plutôt prêts" pour le combat présidentiel de 2012, ajoute le responsable d'OpinionWay.
"Un débat d’initiés" pour la droite - "De plus en plus débat d"initiés. Et si on parlait de la vie des Français ?", a proposé l’ancien ministre UMP Dominique Bussereau sur son compte Twittter, durant le débat. "On a assisté ce soir à un laborieux exercice de style dans un climat tendu, arbitré en coulisses par Arnaud Montebourg et Ségolène Royal, chacun cherchant à convaincre les électeurs qu'il répondait le plus complètement possible aux surenchères populistes et démagogiques de ces derniers", a, pour sa part, estimé Marc-Philippe Daubresse, secrétaire général-adjoint de l'UMP, dans un communiqué.
Audience - Le débat a rassemblé 5,9 millions de téléspectateurs en moyenne, a annoncé jeudi la chaîne publique.